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Le "culte" napoléonien en Alsace

 Napoléon ou Bonaparte  à Strasbourg cela représente pas grand chose qualitativement ou quantitativement dit Fernand L’Huillier dans Saisons d’Alsace  n°5 d’hiver 1963 mais il est plus justifié de parlé du culte de Napoléon qui figure sur les cartes postales d’Hansi.
Culte qui s’exprime par des poèmes, des chants, des hymnes, un vrai culte de la personnalité assez étonnant dans une région autre que la Corse.
Napoléon donna à de nombreux Alsaciens l’occasion de s’illustrer dans la carrière militaire, citons le Général Rapp, Castex, de Coehorn (qui acheta le château d’Ittenwiller, entre Saint Pierre et Eichhoffen), le Baron de Berckheim, ou le maréchal Lefebvre, de Schulmesteir “l’espion de l’empereur qui valait à lui seul une armée”.
Mais ce fut aussi l’occasion pour le commun de s’engager, malgré les réticences évoquées par Erckmann-Chatrian dans leurs oeuvres1 et aucune autre région n’a donné autant d’engagements volontaires proportionnellement à la population.
les fêtes célébrées en Alsace en l’honneur de Napoléon furent toujours l’occasion de liesses, on le voit dans la petite chronologie ci-contre, la fête du 15 août qui outre la fête de l’Assomption devint la fête de la naissance de Napoléon, et également la Saint Napoléon (eh oui !) on trouva un Napoléon patron des guerriers. Dans de nombreux village ce furent de belles et grandes fêtes, fête du chou à Krautergersheim, aussi fête de la laine à Bischwiller.
L’Alsace est consternée lorsqu’elle apprendra sous l’ère des Bourbons le décès de Napoléon à Sainte Hélène. Mais elle reçoit avec fierté le testament de Napoléon où il lègue en premier lieu et pour moitié aux villes et villages d’Alsace.
Ensuite dès 1870, le culte de Napoléon est le lieu sous l’époque prussienne avec la France, on y imprima des mouchoirs apothéoses bonapartistes, des bustes, des lithographies, des images, des tabatières... Mais on connait aussi des chansons populaires, livres, tels le livre de Schmidt “les Soldats de Napoléon” paru en 1911, des chansons : 
Chanson du Consulat “
Bonaparte spricht : Wir sind nocht nicht verloren
Schiesst, dass die ganze Welt erlebt !
Er selber kommandiert
Und alles avanciert
Auf den Feind mit stolzem Mut ;
Denn es soll wieder zu Frankreich kommen
Was zu Frankreich gehören tut.

Les conscrits de 1813, que l’on nomme les “Marie-Louise” de 1814 incorporés dans les chasseurs à cheval chantaient lors de leur départ :
Im Doerfchen dort mein Heimat ist,
Hab’s im Vorbeigehn heut gegruesst”
(Le village là-bas est mon pays natal, je l’ai salué aujourd’hui au passage)

Et cela se termine par :
“Courage chasseur,
Toujours vainqueur,
Pour la patrie et l’Empereur”.

Autre chanson macabre mais noble tristesse:  Im Garten zu Schoenbrunnen
Da liegt der Koenig von Rom,
Sieht nicht das Licht der Sonnen,
Sieht nicht des Himmels Thron
Am fernen Inselstrande
Da liegt Napoléon,
Liegt da zu Englands Schande,
Liegt da zu Englands Hohn.
(Dans le parc de Schoenbrunn, repose le Roi de Rome. Il ne voit pas la lumière du soleil, ni le trône divin. Sur le rivage d’une île lointaine repose Napoléon. O honte à l’Angleterre, o malédiction sur l’Angleterre.)

Le testament ludique, cette fois de Napoléon, est aussi emprunt de symbolisme, et d’idéalisation  :
L’empereur lègue :
Son nom - à la postérité.
Sa gloire- aux français.
Sa bravoure - à l’armée.
Son bonheur - à la France.
La Paix - à toute la terre.
Et enfin sa plume - à l’Histoire.”

Assez compréhensif avec l’Alsace, on se rappelle les mots des premiers intendants de Napoléon, “Ne touchez pas aux choses d’Alsace”. L’Alsace semble avoir été marqué par Napoléon qui a réussit une intégration souple en respectant les “particularismes”.

Mme Casin, dans son article dans ce numéro, estime que l’une des raisons de la mémoire napoléonienne en Alsace semble être la réussite de la pacification religieuse, la réconciliation entre les confessions et l’Etat et l’organisation des différentes communautés.
La culture, l’enseignement, (une école secondaire par département dut l’une de s grandes réalisations de l’empire), la langue de base était allemand,  dans un rapport au Ministre de l’Intérieur daté du 22/06/1812 du maire de Strasbourg Brackenhoffer, explique que
“les Institutions politiques maintenues par le Gouvernement jusqu’en 1790 ont perpétué l’usage presque exclusif et même officiel de la langue allemande, plus de 150 ans après que l’Alsace avait cessé d’être allemande”.
 L’Alsacien est donc paralysé par l’usage de langue française inconnue “traite de ses afffaires privées dans un langage qui ne lui est pas familier : ne pouvant entendre ses magistrats, et craignant d’en être mal entendu (il) recourt forcément à des intermédiaires, et ce qui n'est pas sans frais ni sans inconvénients ; et l’Alsacien, à l’avenir, s’il ne sait parler et écrire en français, fût-il soldat le plus brave et le plus dévoué, ne peut devenir caporal.” Il faut donc qu’il “puisse apprendre ce qu’il a tout intérêt à savoir”.
Et ce fut fut fait par la création d’écoles supérieures de formation des maîtres.
Napoléon et les jeunes Alsaciens :

Citons le texte accompagnant une lithographie de A.DUSCH, Strasbourg vers 1880 : “A Strasbourg, il n’y eut longtemps qu’une seule école française ; elle dépendait de la paroisse Saint-Nicolas et, en 1805, elle était dirigée par le magister Reinbold. Lors du passage de Napoléon 1er, qui se rendait en Allemagne, ce précepteur conduisit ses élèves à l’angle de la rue des Bouchers et de la rue Dauphine, appelée depuis rue d’Austerlitz, et les rangea en bataille entre les sapeurs et les tambours d’un régiment de ligne ; tous les élèves étaient muni de castagnettes (Klepperlé). Tout à coup on entend un bruit sourd, qui grossit peu à peu et devient plus distinct. Il est produit par les acclamations de la foule, qui salue l’Empereur. La voiture de Napoléon s’approche. Le fidèle mameluk Roustan en occupe le siège. Les tambours battent aux champs, la troupe présente les armes. M. Reinbold, imitant l’exemple du tambour-major, donne à son tour avec sa canne le signal à ses élèves qui, avec leurs castagnettes, exécutent un roulement des plus étourdissants. L’empereur, surpris, fait arr^ter les cheveux de sa voiture ; on lui explique cette singulière aubade, puis il échange quelques paroles pleines d’aménité avec le précepteur et les enfants auxquels il fait remettre quelques pièces d’or en souvenir. Les écoliers, en signe d’allégresse, jettent leurs casquettes en l’air et crient à tue-tête : Vive l’Empereur ! Jusqu’à Kehl, Napoléon riait de bon coeur de cette salutation originale qui, pour quelques instants, lui fit oublier ses graves préoccupations, et maître Reinbold, content, enchanté de son succès, rentra chez lui, à la tête de sa jeune troupe, plus fier qu’un général venant de remporter a plus brillante des victoires.”




CHRONOLOGIE des VISITES ALSACIENNES DE BONAPARTE  ou NAPOLÉON

1789 :  Bonaparte aurait étudié à Strasbourg à L’université

02/12/1797 : Premier séjour après la campagne d’Italie

15/07/1801 :  Concordat signé, puis publié le 8 avril 1802.

02/12/1805 : Couronnement impérial, l’Alsace est représentée par Jean-Frédéric Hermann maire de Strasbourg, qui offre le château des Rohan et le Parc de l’Orangerie. Le pont du Rhin prendra le nom de Pont Napoléon.

06/1805 : Séjour à Strasbourg avant la troisième Coalition et la bataille d’Austerlitz

22/01/1806  : Après la campagne d’Ulm et d’Austerlitz, après la victoire de Pressbourg, une réception solennelle est organisée à Strasbourg, le préfet s’adresse à “Napoléon le Grand et Joséphine la Bien-Aimée” les Strasbourgeois quand ils aiment bien, souvent ils rivalisent de chaleur avec les hommes du midi”.

23/01/1806 :  (le lendemain) Défilé des corps des corps de métiers

24/01/1806 : Napoléon signe un d écrêt de construction de l’actuel canal du Rhône au Rhin. L’ “ île Napoléon”conserve ce souvenir à Mulhouse.

15/04/1809 : Avant la 5ème coalition, quatrième séjour, Joséphine reste en Alsace elle donnera une fête dès que sera connue la victoire d’Eckmuhl, elle fit également une cure à Plombières.

14/10/1809 : Accueil enthousiaste    des Alsaciens qui font un triomphe à Napoléon.

22, 23, 24 /03/1810 : Réceptions en l’honneur du mariage de la fille de l’empereur d’Autriche et la nouvelle impératrice des Français.
La naissance du roi de Rome va créer les fameux bancs-reposoirs à deux kilomètres de distance avec les arbres et des fontaines, dès 1856. Nous avons déjà évoqué ces monuments dans le dossier sur Napoléon III et l’Alsace.  


Documentation :
Merci à M. Maurice SILBERSTEIN pour ses ouvrages et notamment Saisons d’Alsace,
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