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l'histoire des cloches ...

Cloches de noël : SuBer die Glocken nie Klinger, plus belles, plus douces sont les cloches qui ne sonnnent qu'à Noël...


Messagère des offices, auxiliaire des prêtres, les cloches sont indispensables aux offices ...


Ce texte de Wilhelm Kritzinger (1816-1890)  sur une mélodie populaire (de Thuringe)  dit clairement qu’
il n’y a  de plus beau son que celui des cloches qui ne sonnent qu’au moment de Noël,
la chanson évoque la paix


Elle sonne, à minuit, durant la Nuit Sainte. Mais aussi pour la nouvelle année « Neujahrgelaüt » tradition attestée dès 1860, où elles sonnaient une heure durant en trois fois afin que tous les hommes, valides, ou invalides, jeunes et vieux, notent le début de l’année nouvelle et qu’ils souhaitent bonheur et bénédiction, souligne Hertzgog en 1860 dans ses souvenirs de Gueberschwihr.   Mais le chant  des cloches fait aussi référence au fait que le 17 décembre dans de nombreuses régions germaniques, à 15 heures, sonnent les cloches, on le nomme “Christkindel einläuten” sorte d’introduction pour l’enfant Jésus, car une semaine plus tard c’est la fête de Noël”.  Afin que tous s’y préparer dignement. L’église fêtait ce jour St Lazare de Béthanie que Jésus rappela à la vie. Les sonneries des cloches doivent faire penser à la population chrétienne qu’elle doit visiter les malades et les personnes âgées durant le temps de Noël, comme Jésus se mettant en route pour visiter Lazare.  ;  Précisons tout de même que le 17 décembre, les romains fêtaient les Saturnales.
La sonnerie de cloches en Alsace, donne le signal des fêtes de Noël, primitivement cette sonnerie aurait été celle de la bénédiction de l’eau qui se faisait à la vigile de Noël”. (Van Gennep, le folklore français  page 2626).

 Il faut dire qu’il se passe des  choses étranges, si l’on parcourt les légendes et les contes se rapportant au temps de Noël ou à la Nuit de la Nativité de Notre Seigneur. L’une des étranges traditions évoque le son de cloche d’un village englouti au fond de puits.
La première trace de cette légende se trouve dans un village Haut-rhinois de Ballersdorf où les villages commémore ainsi la disparition d’un village proche celui de “Mettersdorf”, la chapelle de Saint-Martin de  Ballersdorf étant l’unique vestige de la cité disparue. A l’approche des Barbares, les villageois ont soustrait la cloche et l’on descendu au fond de leur puits, afin de la préserver des mains impies voulant la fondre en quelque canon.

La cloche jamais retrouvée se ferait ainsi entendre durant la nuit de la Nativité mais seules les oreilles des plus pures, c’est-à-dire les enfants innocents, auraient la possibilité ou le droit de l’ouïr.
Les légendes  affirmant qu’elles l’ont vu voler au-dessus du village disparu et de l’église dont elle était jadis le centre, comme si elle planait sur l’âme du village défunt. On raconte même qu’aux abords de ce puits, deux saints importants en Alsace, Saint Martin et Saint Nicolas allument ensemble un feu que l’on pouvait voir certains soirs de très loin où l’on forgeait de l’argent pour les pauvres et les miséreux. D’autres légendes affirment que le ciel rouge des matins d’hiver est le feu que fait le Christkindel (enfant Jésus représenté en Jeune fille sorte de fée de Noël Ste Lucie)  pour faire cuire les petits gâteaux de noël dont on fera la distribution à Noël.

Citons un exemple distinct pour la Corse, terre de légende et d’anciennes traditions conservées, près d’Ajaccio on raconte la légende du carillon de minuit  le soir de Noël, où l’on peut entendre des cloches venant de la mer, au large de la tour de Paretta, ce sont les cloches du village de Zicavu (Zicavo) que des pirates emportèrent après avoir massacré les habitants. Le curé qui a échappé à cette tuerie pria le Seigneur de conserver ces cloches et l’on put voir les galères des assaillants sombrer avec leur précieux butin au large de la pointe de Parata. On peut également entendre sonner les cloches du hameau de Scanafaghjaccia ( à 1,5 km de Rezza) qui fut l’objet de terribles représailles de la part des Génois. Pour sauver leurs cloches, deux hommes allèrent les cacher dans la pinède. Ils moururent sans pouvoir révéler le secret du lieu. Et depuis ce jour, les cloches sonnent à minuit2  la nuit de Noël


Les textes déclinant le même thème sont relativement nombreux, on y trouve des “Glockerbrunne”  en Alsace. Car l’histoire de notre plaine, riche en passages,  riche donc aussi en envahisseurs, en prédateurs,  et en carnages, lui donne un terreau fertile.

Cloche des templiers
Une cloche fut également descendue dans le  puits du Templhof  à un kilomètre de Bergheim par les Templiers avant l’attaque des troupes, qui sonne cette même nuit de Noël.

Silwerglocke aperçue...
A Bernwiller, dans le Sundgau, sonne la cloche d’un village disparu d’”Usswiller” village incendié par des soldats mercenaires, près de Flaxlander Walbertswiller (Flaschlslanden et Bruebach) et près de Mulhouse dont le village fut pillé et brûlé sauf la cloche qui fut descendue dans le puits communal. La légende précise qu’elle fut en argent “Silwerglocke” et les poètes précisent que se sont les Suédois qui attaquaient. La cloche d’argent ne se contente pas de sonner, elle remonte à la surface durant la messe de minuit et peut alors être aperçue par les enfants innocents.

Le poète l’évoque ainsi :
“Si Kirchle isch eins vu de scheenschte g’si ,
Kei stei isch me hitte vorhande...”

Cette petite église était l’une de des plus belles, mais il n’en reste rien.

“Doch d’silwrige Glocke müen g’rette si”
mais sa cloche d’argent doit être sauvée
“D’r Schwed isch in Illfert sch gstande”

Alors que le Suédois entraient déjà à Illfurt
“Drum holt’re se awe un grabt si tief i,
Zwische Brüebi un Flaschslande”

C’est pourquoi on la descendit très profondément entre Bruabach et Flachlanden
Do Lütte sie Glocke s lislig un still
Zwiche Brüebi und Flachslande”
C’est là qu’elle sonne si faiblement
entre Bruabach et Flachlanden.

Cité par H-J Troxkler, dans un mignon petit ouvrage Noël en Alsace  aux éditions Bastberg.

Il en est aussi ainsi à Gutzwiller où toute la chapelle sort de terre,
à Leibersheim (village médiéval) dont il ne resta que sa chapelle Saint-Marx (aujourd’hui disparue) à côté de laquelle se trouve un puits.
Pour ce village, la légende de Théobald Walter,  plus précise, indique3  qu’il s’agit de la clochette de St Alban trônant dans le clocher dans une tour couverte de bardeaux dans une église en bois  dont le village fut pillé, la cloche avait été offerte par les riches seigneurs de la ville de Bâle. le village pillé, incendié dans une seule nuit d’automne. Quelques hommes qui s’étaient enfuis  revinrent pour dégager la clochette de Saint-Alban des eaux de la source afin de reconstruire ailleurs un autre village. Se mirent à l’oeuvre, voyant les clous d’argent du sommet de la clochette, le plus jeune d’entre eux poussa un juron et la clochette s’enfonça davantage dans les profondeurs. Les hommes se séparèrent, mais on entend le bruit de la cloche qui provient du Ciel certains jours. Le vieillard, raconte la légende, l’a entendu un soir de Noël.
Théobald Walter précise que seuls les jeunes enfants innocents et purs, et nés un dimanche peuvent de temps en temps entendre sa voix.

La cause de ses disparitions peut être la fameuse peste qui n’épargna que la moitié de la population alsacienne, ce furent aussi les attaques Suédoises, dont des villages gardent des traces historiques (Benfeld, notamment) ou encore les troupes françaises qui incendièrent châteaux et villages.

La cloche trouve aussi quelques résonances -si l’on peut dire- dans le Bas-Rhin, le village de Rothbach et de sa chapelle nous mène à la Chartreuse de Molsheim, dont les moines, Chartreux, firent de même durant la guerre de trente ans, celle de Mietisheim, durant la même guerre est plus originale.
Elle intéressa les partisans de St François et ceux de la S.P.A. On y trouve une “petite église des animaux” Tierkirchlein. Ce furent en effet les animaux qui voyaient les humains n’en faire qu’à leur tête, se détourner de leur Créateur et  de sa voie d’Amour, craignent la colère de ce dernier. Ils bâtirent, on ne sait comment, une chapelle, la nuit venue ils s’y retrouvaient pour célébrer  Dieu. Là aussi les soldats écumant la campagne voulaient s’emparer de la cloche pour en faire de vulgaires armes de destruction, l’enfuirent dans le Klingenthal dans.... à votre avis ? .....Un puits profond. Dans ce Klingenthal, la vallée qui sonne, dont la cloche jamais retrouvée, continue de sonner au prononcé de son nom.

Pourquoi donc tant de légendes, sonnantes, en cette nuit. Plusieurs raisons, la première la cloche est le messager, celle qui sonne, qui annonce la bonne nouvelle, qui incite les pèlerins à venir aux offices, sonne le baptême et donc l’arrivée d’un nouveau membre dans la communauté chrétienne...  mais aussi le glas, se tait durant l’absence du Christ (du jeudi saint au saint jour de Pâques), sonne au moment de la consécration durant l’eucharistie (pratique encore répandue dans de nombreuses églises), Elle est présente à chaque phase de la vie du chrétien et du calendrier de l’église.

La nuit de Noël, le Ciel est ouvert, comme le précise le chant “Minuits Chrétiens” d’Adam, le ciel est plus proche puisque le Fils de Dieu est incarné dans le monde.
L’anniversaire de la naissance doit s’accompagner donc d’une Joie du Ciel qui délègue certains signes au monde, presque des pouvoirs magiques. Il se passe donc des choses étranges dans le monde des humains et des animaux, (voir notre noël des animaux) dans les granges où les animaux bénéficient de rations supplémentaires, mais peuvent aussi prédire qui mourra, selon les nombreuses légendes, les plantes et les arbres refleurissent l’espace d’une messe de minuit. L’homme se devant d’y assister, que l’on songe à la légende de St Hubert, absent de l’office qui eut une apparition lui demandant les raisons pour lesquelles il persécutait ainsi le Christ, il ne peut s’y soustraire, la foi mélangée de paganisme y voyait des signes qui demeuraient impossible à vérifier.
Précisions en outre que les Ossuaires retrouvés ici et là que l’on attribue quelquefois à des villages disparus, ce qui est certaines fois le cas, sont aussi souvent des fosses communes ou des réaménagements de cimetières.
Mais l’on trouve aussi dans les villages alsaciens une tradition bien ancrée qui associe le puits à la naissance. Les anciens peuples liaient la vie à l’eau, l’eau étant source de vie. Ainsi jusqu’en 1870, on mentionne dans les écrits datant d’au minimum du XIV è siècle; dans les villages alsaciens les “Kindelsbrunnen” soit des “puits ou des sources aux petits enfants”  par exemple à Schwindratzheim5 . La cigogne n’héritera de la tâche  d’”apporteuse d’enfants, qu’après 1870 et le tout sera repris par Hansi. Le puits était jalousement gardé jadis par Frau Berchta/Holle symbolique croyance populaire qui puise ses origines profondes dans les croyances rhénanes. 
La croyance sera christianisée, on trouve alors au bord du puits non pas Frau Berchta, mais la Vierge Marie. 
Un rappel, cette Frau Berchta serait la Frau Holle, dont la mythologie germanique parle abondamment, Grimm lui-même l’a reprise dans ses contes. Cette Frau Holle, jeune fille désespérée saute dans une fontaine et se trouve dans l’autre monde. Dans ce monde, on trouve des pommes d’or. Dans d’autres régions allemandes où l’on trouve un étang de “Frau Holle”, on raconte qu’il y vient les nouveaux-nés. La Frau reste dans les eaux. Le lac rendant la fertilité aux femmes stériles, ses fonctions sont donc la fertilité, l’apport de cadeaux à Noël, la punition des femmes qui négligent les tâches ménagères.
Ce qui paraît étrange, qu’outre sa capacité dans les contes de “faire neiger”, elle est accompagnée de chats,  telle la déesse Freya.
Quand à l’hiver viennent les bourrasques de vent, on dit que dans le cortège du dieu (borgne, maître du panthéon germanique) Wotan-Odin,  Frau Holle trouve elle aussi sa place emmenant les enfants morts ou à naître.  (Dans la phase positive du personnage, elle apporte la vie, dans la phase négative de son personnage, plus récente, elle charrie les âmes des enfants des limbes morts sans baptême. Son nom Holle n’est pas éloigné du terme allemand désignant l’enfer Helle.  Sa place au moment de Noël est incontestable.
Luther, lui-même, en a parlé en voyant en elle “Frau Holle au nez en pied de marmite”.6  Autre agité du démon, Hitler n’installa-t-il pas son nid d’aigle en un lieu baptisé Berchtesgaden, qui évoque Berchta/Perchta, “jardin de Berchta”, jardin de cette divinité maléfique devenue personnage respectable dans les contes
(2 Almanach de la mémoire et des coutumes corse, par Claire Tiévant et Lucie Desideri, Albin Michel ,éditeur, 1996, article des 24/25/26 décembre
5. Guy Trendel, découverte de l’Alsace fantastique, page 35 éditions Coprur, septembre 1989, Strasbourg, 6. G/T 12 page 15, in les « traditions d’Europe » le labyrinthe par Alain de Benoist, 1996.   
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