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Des bougies à Noël pourquoi ?

 

 

 

Le saviez-vous ? Cire du latin «cera»
le cereus, en bas latin, le cergium, est le flambeau obtenu par le trempage d’une mèche dans la cire.
Utilisé d’abord pour les acres profanes, il sera utilisé ensuite pour les actes rituels. On conservera celui du baptême.
Le rituel précise que sur l’autel ou à proximité on déposera de deux (messe ordinaire)  à six chandeliers (grand’messe) supportant des cierges. (Seulement quatre durant le temps de l’avent.) Le servant qui le porte est le céroféraire. «porteur de lumière». Lors de la dédicace d’une église on place une croix devant chacune des 12 croix de consécration après son onction avec le saint chrême. (voir le dictionnaire de Liturgie, éditions CLD ou le Cérémonial de la Sainte Messe à l’usage ordinaire des paroisses, André Philippe M.Mutel, après le missel romain de 2002 pour les précisions entre () )

 

Tout le mois de l’avent est en fait un temps des lumières, où l’on brave la nuit et le froid dans l’attente du solstice, où l’homme cherche à allumer une lumière sur sa route. Au plan spirituel, la bougie a toujours été un des instruments servant au recueillement,  à la méditation. Depuis le Candélabre, chandelier à 7 branches nommé aussi«la menorah»aux lumières placées sur les tombes des défunts. L’ usage de la cire a toujours été associé à la prière et à la religion ou dévoyé dans des pratiques occultes. Ainsi pour ces derniers une bougie n’est pas un accessoire mais un «témoin» «un appel vibratoire» vers la droite elle montrerait un sens de spiritualité, les couleurs même des bougies devraient, si on les croit, suivre le jour de la semaine...

 

Plus sérieusement, et sans singer Dieu,  le premier acte créateur de Dieu fut de séparer «la lumière des ténèbres» (Gn 1,3). Que Dieu est maître de la lumière «il envoie la lumière, elle part, il la rappelle, elle obéit». (Baruch 3,33).

A côté des bougies, on admet que l’encens qui est utilisé chez les juifs et les chrétiens symbolise les prières qui montent vers Dieu. (Psaume 141 : 2 «Que ma prière soit devant ta face comme l’encens».)

 

Dans le monde ancien, avant le pétrole, le gaz ou l’électricité, la lumière était rare et chère. Souvenons-nous juste de l’expression «économie de bout de chandelle».

 La bougie allumée par les fidèles qui visitent et laissent ainsi une trace de leur prière dans l’oratoire, est une piété populaire, une richesse. Deux lieux viennent ainsi en mémoire à tous ceux qui ont visité Lourdes, ou vu un soir la procession aux flambeaux.  Devant les statues de Ste Rita -invoquée pour des causes désespérées brillent toujours une masse de bougies en signe de prière déposée.

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«Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie» (Jean VIII, 12)

Le premier élément, qui justifie l’usage du cierge ou de la bougie, c’est que Dieu est Lumière. Et la venue de Jésus, comme «Joyeuse lumière de la sainte gloire du Père» (que l’on retrouve déjà dans une liturgie orientale du IVème siècle). Et dans l’année liturgique par la bénédiction dans la nuite pascale (samedi avant pâques, samedi saint) du cierge pascal.

L’autel est orné toute l’année de deux bougies en plus du cierge pascal placé dans le choeur de l’église. (voir encadré)

 

L’allumage des lumières du shabbat fait toujours partie des rites observés, chaque vendredi soir par les juifs pratiquants la presse publie ainsi par le biais de la fondation Azimov chaque vendredi «l’allumage des bougies du Chabbat avec bénédiction, deux bougies pour les femmes mariées, une bougie pour les jeunes filles se fera ce vendredi .... avant .... (horaires pour l’Ile de France)» et précise «le respect des lumières de Chabbat conduire aux lumières de la Rédemption».

 

La symbolique est restée dans le temps de Paul, où lorsqu’il raconte le réveil des morts d’un jeune garçon tombé par la fenêtre, Saint Paul signale qu’il y avait «bon nombre de lampes dans la chambre» où les disciples étaient réunis. (Ac.20,7). On songe ainsi à la terre sainte, où de multiples lumières sont accrochées à la crèche et au saint sépulcre. Hippolyte de Rome rapporte le rite du lucernaire qui précède le repas de rituel de l’agape, le diacre apporte la lampe et l’évêque debout rend grâce.

L’allumage des lumières de Pâques vient d’Irlande, précédé de la bénédiction du feu nouveau.

A Rome on a des traces de son usage pour le rite chrétien indique le Sacramentaire Gélasien. (VIIème siècle).

L’application de feuilles d’or, dans orthodoxie, sur les icônes et les retables avait pour «but de réfléchir la lueur des bougies qui éclairent le lieu de culte». (lumière et couleurs, le langage secret des églises et des cathédrales, comprendre la symbolique des bâtiments sacrés, Richard Stemp, France-Loisirs, page 108) De plus la lumière émane de Dieu.

«L’esprit aveugle surgit vers la vérité par ce qui est matériel, et, voyant la lumière, il ressuscite de sa submersion antérieure».

conclut, B.MARTIN dans son étude sur la symbolique chrétienne de la lumière.

 

Jean-Paul II, lui-même, avait invité à allumer des bougies à la fenêtre en signe de solidarité durant le temps de l’avent.

Venons-en aux Bougies dans les traditions de noël : indispensable à la confection des couronnes de l’Avent. La lumière des bougies rapproche des anciennes traditions nordiques. Elles sont selon une tradition ancienne déposés dans les chaumières sur le rebord intérieur des fenêtres jusqu’au début du XXème siècle. Posées sur les branches extérieures du sapin, selon une tradition de Heidelberg. Ou encore à la suite de la duchesse Dorothea Sibylle de Silésie (qui illumine de bougie son sapin dans son château en 1611), les sapins sont illuminés par les bougies étincelantes. La couronne de la Sainte Lucie suédoise  et quelques fois de notre Christkindel est elle aussi illuminée de bougies allumées (un torchon humide est posé sur la tête  de la fée afin que ses cheveux soient protégés, plus récemment on use de bougies alimentées par une pile).

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Ce n’est donc qu’en 1785 que les bougies ornent le sapin la baronne d’Oberkirch  les évoque clairement lorsqu’elle témoigne des fêtes de Noël à Strasbourg : “ le grand jour arrive, on prepare dans chaque maison le Tannen, le sapin couvert de bougies et de bonbons avec une grande illumination”.

Elles font l’objet d’une bénédiction qui termine le temps de Noël à la Chandeleur le 2 février, fête des relevailles de la Vierge Marie, levée des souillures de l’enfantement, elle clôt de temps de noël. Il était courant de supprimer alors toute référence ou décoration rappelant le temps de noël dans les églises.

Elles nous semblent éternellement liées à la religion ou à la Nativité néanmoins les bougies telles que nous les connaissons n’existent que depuis 250 ans environ. On sait pourtant qu’aux alentours du 4ème siècle des bougies furent consacrés à  l’occasion de la naissance de Jésus. Mais les bougies de cire ne vinrent dans les monastères qu’au 15ème siècle.

 

 

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Allumées dans les lieux tels que les châteaux, monastères et à l’occasion des liturgies. L’objet précieux prend donc une connotation religieuse et précieuse. De simples citoyens ne purent s’offrir cet objet de luxe qu’au moment de la généralisation de la paraffine (1930) élaboré à base de produits pétroliers. L’achat de bougies, on a du mal à le percevoir aujourd’hui équivalait à un produit de luxe, délicieuse folie que s’offrait la famille. On n’achetait que le nombre requis de bougies. Posées sur le sapin, elles faisaient l’objet d’une surveillance constante dégageant une odeur de sapin un peu brûlé lorsque malgré les supports de bougies, un peu de cire chaude venait consumer les aiguilles du sapin (un épicea bien sûr, si l’on respecte la tradition et que l’on n’a pas peur de ramasser les aiguilles du sapin). Un seau d’eau ou de sable était aussi à proximité afin de prévenir les risques d’incendie.

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D’un point de vue symbolique et spirituel, les cierges évoquent la lumière des étoiles et le lever du soleil. Le jour de Pâques, c’est le symbole de la résurrection. Le Christ « lumière du monde » éclairant les ténèbres de la mort. N’oublions pas que tout au long de l’année brûle dans chaque église le « cierge pascal » (inauguré dans la nuit pascale) rappelant la colonne de feu qui dirigeait le peuple Hébreux de leur captivité en Egypte. (voir aussi Eglises et Symboles, Maurice Dilasser, Editions du Signe, 1999, page 118)

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