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Ils sont partis pour l'Amérique... Ces Alsaciens qui sont partis vers le nouveau monde

Dans notre numéro d'été 2023, LA PETITE LANTERNE s'est penchée sur cette question.

L’Amérique…. si c’est un rêve je le saurai !  (paroles de la chanson de Joe Dassin, L’Amérique)
Le rêve américain : bien plus que la ruée vers l’Or !

 

Les Alsaciens en Amérique ...


Un Alsacien a donné son nom à l’Amérique,  son nom : Matthias Ringmann,  (1482-1511), helléniste, pédagogue, originaire d’Eichhoffen,  formé à l’école latine et humaniste de Sélestat mais qui fut aussi à Heidelberg, dans son traité de cosmographie humaniste « cosmographiae Introducto » qui complète une carte du monde que figure donc cette Amérique, travail du gymnase de Saint-Dié,  publié en 1507. Sur cette carte  figure pour la première fois le mot « america » » du nom du navigateur « amerigo vespucci ». Jean Grüninger va la mettre sous presse et faire connaître ce traité.  
Mais, c’est bien plus tard, qu’arrive  la conquête de l’Amérique, elle a vu de nombreux peuples s’y ruer, et pour ne citer que les Européens,  les Valdôtains (Documentaire : « The New  World »de Joseph Péaquin) , les Suisses, les Allemands et bien évidemment les Alsaciens.
« J‘abandonne sur mon chemin, tant de choses que j’aimais bien »
De grandes familles s’y installeront, certaines garderont leur nom alsacien, d’autres les angliciseront. A l’entrée de Castroville, on verra un drôle de panneau afficher une salutation demandant si vous avez fait bon voyage en alsacien !  (Wilkomme ! Wie isch ehehe fleught gsey ?).  Ainsi, une famille qui sans avoir mis les pieds en Alsace, parle l’alsacien mieux que votre grossmieter ! (grand mère). Ou encore telle échoppe de promettre des spécialités boulangères alsaciennes, une drôle de maison croisement d’une demeure à colombage ayant hérité de colonnades victoriennes… telles seront les surprises de Castroville, Texas.
C’est bien le mélange des genres qu’affectionne l’Amérique fondée il y a deux siècles par nos ancêtres, peut-être même les vôtres…. Nous avons tous  un cousin en Amérique …. Remontez Cinq générations en arrière et il se peut bien que l’un des frères de votre arrière…..arrière grand-père ait fait le périlleux voyage, poussé par l’aventure ou les mésaventures de la vie alsaciennes, il a pris sa carriole, a acheté passeport, victuailles règlementaires et billets de bateau (à voile, à vapeur s’il était plus riche) et s’est embarqué depuis le nord de la Hollande ou du Havre français pour un périlleux voyage, souvent sans retour, vers des terres plus clémentes qu’on promettait de lui offrir.  Les conditions étaient qu’ils y restent, fondent famille et maison et  y défrichent et cultivent la terre.  C’est forts de ces espoirs qu’ils partirent, certains vers le Canada, anciens militaires ou à la quête de destins meilleurs puis vers les Etats-Unis, la frontière du Mexique au Texas notamment, dans ce secteur en effet, la marque la plus indélébile fut celle de Castroville ou encore des terres amish qui furent crée par d’anciens suisses réfugiés en Alsace et leurs coreligionnaires qui fondèrent les futurs cités visitées aujourd’hui encore par des descendants d’un anabaptiste intégral.
« Mes amis, je vous dis « adieu, je devrais vous pleurer un peu Pardonnez-moi si je n'ai dans mes yeux que l’Amérique ! »   La statue de la liberté de Colmar, en souvenir de l’originale fondue par Bartholdi résume ce lien vers la liberté de nos ancêtres alsaciens sur la terre nouvelle.  A la Libération de l’Alsace, certains ancêtres s’en souvinrent, plus tard les associations des Alsaciens aux Etats-Unis furent fondées et restent dynamiques en souvenir de ce passé.
Au terme du livre Castroville une recension de familles avec les dates (voir encadré) elle démontre l’impact du peuplement alsacien dans cette seule région de l’Amérique, on n’oubliera ni le Canada, ni la Californie, ni San - Francisco, la Nouvelle-Orléans, Chicago (l’Illinois) , l’Ohio, Indiana, New-York…  sans qu’elle ne fut la seule, mais elle est, sans doute, la plus documentée.  1800 noms figurent ainsi dans les dernières pages du Livre « Castroville Texas », avec la date, la date de l’enregistrement du pass, la date et le nom du port ou du bateau, les noms de femmes et des enfants, la commune du domicile de l’émigrant, pas forcément sa commune de naissance…) de ce premier travail on note que du Sungdau au Nord de l’Alsace, toutes les communes sont touchées. Mais pour Castroville ce sont plutôt les communes du Sud de l’Alsace qui y sont installées. « Je ne sais pas et je doute plutôt que mon grand-père et ses parents soient conscients de leurs liens avec l'Alsace. Ils n'en ont jamais fait mention en ma présence, seulement que la famille venait d’Allemagne » avoue cette généalogiste »  (Correspondance Rosanne D.Leeson, généalogiste, 24 décembre 1999,)

 

Tout le dossier spécial de ce numéro est consacré au rêve américain des Alsaciens...

 

Villages qui virent leurs habitants migrer vers Castroville :

on peut citer  :  Altorf, Bergholtz, Berwiller, Blodelsheim, Bretten, Brunstatt, Colmar, Fellering, Friesen, Heiteren, Husseren, Kruth, Kurtzenhausen, La Chapelle / Chaux, Malmerspach, Meyenheim, Mittelwihr, Mitzach, Mollau, Mulhouse, Niederentzen, Oderen, Orschwihr, Riedisheim, Rixheim, Rouffach, Rougement, Sentheim, Seppe-le Haut /-le bas, St Amarin, Steinbach, Wattwiller, Weckholsheim, Wittelsheim, Zillisheim.

Leurs métiers relèvent surtout du secteur primaire, beaucoup d’agriculteurs,  voire du propriétaire (terrien) qui emmène ses journaliers, des fermiers, mais on notera aussi des :  gendarme, voiturier, maréchal-ferrant, cordonnier, charpentier, imprimeur, boulanger, bourrelier, (personne qui vend des hanchements d’animaux de  trait),  domestique,  instituteur, prêtre, graveur sur bois, charpentier, ou perruquier, homme de lettres, fileurs permettant de récréer une vraie économie. Mais malheureusement certains meurent en mer, d’autres plus chanceux voient leur enfant naître sur place ou dès leur arrivée se marient.D’autres vont en éclaireurs et leur famille suivra.

 

Le saviez-vous  ?

Les premiers partis, les anabaptistes (protestants refusant le baptême des enfants et voulant le baptême par immersion des adultes notamment)  futurs amish, qui fuirent dans la région de Salt Lake City.  Pennsylvanie compte dès 1711 : 413 familles alsaciennes.
Ils viennent d’Oberbronn de Niederbronn.

A l’entrée de Castroville, un panneau indique toujours  « a touch of Alsace France » . En effet Henri Castro a fondé et peuplé la ville avec des Espagnols puis des bateaux d’immigrants alsaciens.

La ville d’Hans, crée près de Castroville en 1847 par des familles alsaciennes.

La cité de Rhinebeck, dans l’état de New York, a été fondée par les Alsaciens, les premières implantations alsaciennes datent de 1688.

 

Les premiers départs rhénans se font via l’Angleterre ou les Pays-Bas, avec les Allemands majoritaires. Ils fondent alors des villes comme Bethlehem en Pennsylvanie.  Mais aussi en Virginie, Nouvelle-Angleterre.   
Les conditions de voyage sont éprouvantes, on doit tout d’abord se munir d’un passeport payant que l’on doit se procurer auprès des autorités françaises qui rechignent à les délivrer afin d’éviter la fuite des familles. En Alsace, c’est d’abord plus facile. Castro fut un de ces pourvoyeurs.  
Des « agences » s’organisent à Rouffach, à Wissembourg, avec des compagnies anglaises et américaines, elles ont des représentants dans les villes de Strasbourg, Colmar, Mulhouse, mais aussi à Barr, Bouxwiller, Ribeauvillé, Saverne, Sélestat, Seltz et Thann. (l’émigration alsacienne au Canada p. 137) car les autorités voient d’un mauvais œil ces installations de migrants en attente de départ pour le nouveau-monde. On impose un équipement minimum avec victuailles pour le voyage qui se fait en bateau à voile (moins cher) ou à vapeur pour les plus aisés.  Puis lors des départs des Suisses et des Alsaciens, ils migrent avec leur équipement, une charrette, des bœufs et tout l’attirail nécessaire vers le Havre. Ils y attendent bateau pour embarquer.  

 

110 francs la traversée,
180 avec les vivres. Puis 90 et 130 en 1840. La traversée à vapeur est plus chère.

Sur le le bateau « Schanunga »,
on croisera  en novembre 1846, La famille Zerr, dont le chef de famille Jean-Baptiste, a 48 ans, il est originaire de Mittelwihr il est tisserand, il tente l’aventure avec sa femme Catherine 44 ans et leurs trois enfants Catherine (16 ans,) Barbe (10 ans), Anne-Marie 8 ans !  (Castroville - Texas p.111 )

 

Vous voulez partir … Voici votre équipement minimal :

la migration des Alsaciens vers les Etats-Unis, nécessitait un équipement minimal et quelques formalités :


 - pensez à acheter votre passeport auprès du maire, même pour les nouveaux-nés…  prenez un passeport intérieur, il est moins cher. Évitez d’acheter des marchandises sans les contrôler, de nombreux voyageurs se sont faits flouer en découvrant à bord des marchandises avariées.
En 1854, la traversée dure en moyenne de 35 à 45 jours.
« Une législation internationale sera mise en place en 1840 et adoptée par la France en 1855.   Les émigrants doivent fournir leur nourriture qui comporte, selon le décret de 1855, des biscuits de mer,
des pommes de terre,
du riz,
des légumes secs,
de la farine,
de la viande salée, du beurre,
du café, du sucre, du sel et
du vinaigre en quantité suffisante.
Mais une famille de Pfaffenhoffen (Bas-Rhin) n’a apporté de chez elle que de la viande fumée, du fromage sec, des prunes et des poires séchées…
Ce qui promet des repas bien monotones et des risques de maladies par suite de mauvaise alimentation.

La vie commence …
Une fois sur place, si l’on a survécu à la mer, aux maladies, à la promiscuité, aux voleurs et chapardeurs, les semences, les outils, les armes sont nécessaires. Il faut cultiver au plus vite la terre pour la garder et protéger son bien des « Indiens » qu’ils prirent d’abord pour des « bohémiens » n’en connaissant rien, et n’ayant pas été mis en garde (Comanches, Apaches notamment) Mais ça c’est une autre histoire !

 

 

couverture du numéro d'été 2023, avec quelques extraits.

couverture du numéro d'été 2023, avec quelques extraits.

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