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Rites de passage : les communions, confirmations....

Nous vous proposons un article extrait de notre numéro qui vient de paraître consacré aux rites de passages que sont les communions (première, jadis dite privée) profession de foi (jadis communion solennelle) et confirmations (catholique ou protestantes) ou le rite de la bar-miztva.

 

(le dossier complet avec les illustrations est à demander à redaction@petite-lanterne.com)

 

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 communionlivre
Revêtue comme une jeune mariée, (comme sur le livre ci-dessus des éditions Ouest-France) elle s’avance avec son cierge à la main. Elle est entourée de ses camarades d’âge, l’émotion est palpable, la tenue, la coiffure soignée, les cloches qui virevoltent tout contribue à faire de ce dimanche après pâques un jour spécial. Elle ne se marie pas cette petite fille, qui aujourd’hui a l’air à la fois plus sage et plus adulte, ses pas la dirigent vers l’adolescence et vers l’âge adulte, entourée de toute la famille, parent, parrain, marraine, cousins éloignés et proches qui sont venus au village pour cette journée printanière, sa fête.  Car après un temps de préparation avec les catéchistes, c’est aujourd’hui dans la belle église toute parée de fleurs, qu’elle va professer sa foi...

L’enfant qui ne fut jusqu’au XXème siècle qu’un adulte en devenir. Il ne bénéficie d’un statut que dans la bourgeoisie. L’Eglise est la seule, jusqu’à la création de l’obligation scolaire (XIXème) à former les enfants à la vie et à la religion. Ils y apprenaient les prières de base et assistaient aux offices religieux dès l’âge de raison. On note une différence entre les réformés et les catholiques dès le XVIème siècle. 
Au  Moyen-âge, la confirmation jadis conférée après le baptême par l’évêque, devient un sacrement séparé. Il délivre les dons de l’Esprit-Saint.  Administré par l’évêque ou par son vicaire épiscopal.
Le Concile de Trente impose au XVIème siècle l’âge de raison,(la communion privée ou première communion avait lieu à l’âge de discrétion âge auquel il pouvait distinguer un pain ordinaire du pain eucharistique.) L’enfant a alors reçu la formation religieuse pour bien accueillir ce sacrement.  Un proverbe contemporain disait de l’enfant de 13 ans qui était confirmé qu’il allait sortir de l’école. «er kommt üs der Schül erüs» la fin de la scolarité obligatoire en somme ce qui fut le cas des enfants nés après la guerre.
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La venue de l’évêque dans le bourg suscite une véritable fête et constitue un véritable événement. Souvent il était accueilli par un cortège officiel encadré par toutes les autorités locales, grand uniforme, oriflammes...
Etrangement la fête a été déplacée après la communion solennelle dans les années 1950. On a noté récemment la réaction positive du pape à la pratique de l ‘évêque de Fargo, qui a replacé la confirmation juste après le baptême.
La pratique de la communion, la réception du corps du Christ, a également évolué dans le temps, à l’époque carolingienne ils la recevaient très jeunes, puis l’âge a évolué pour atteindre douze ans. 1910, un décret pontifical de Pie X (1893-1914) recommande l’âge de raison pour la première communion.  (on parle alors de «première communion») : 7-9 ans.
Du côté protestant, la profession de foi a un équivalent la «confirmation».
Dans le cadre du rite et des traditions, c’est à cette occasion, que les garçons perdaient les culottes courtes et étrennaient pour la première fois le costume. Ils disaient donc aux yeux de tous un adieu définitif à l’enfance. A l’issue de la cérémonie ils pouvaient devenir parrain ou marraine (de leur cousin ou cousine) autre manière de les initier à l’apprentissage des responsabilités sociales. Car leur parrain et marraine achevait sa mission de relais spirituel et d’éventuel tutelle matérielle en cas de décès des parents du filleul.

La jeune fille catholique qui elle porte un vêtement blanc avec un grand voile et des broderies. La proximité avec la robe de mariée est évidente. On notera que celles qui entreront dans les ordres reprendront cette robe de mariée (avec le Christ cette fois comme époux).
Vers 1800, on distribue des images souvenirs, avec le nom, la date au verso, notamment les Bénédictines du Saint-Sacrement de Rosheim ou les Carmélites de Marienthal en éditèrent. Elles connurent très vite un grand succès.  Le moment devait être marqué par cette image souvenir qui servait de signet dans le missel vespéral à chaque membre de la famille, ils ne sont néanmoins, vus leur format, pas affichés comme les Goettelbrief, les souhaits de baptêmes, richement ornés qui étaient offerts par le parrain. Néanmoins, il était courant chez les protestants de faire inscrire sur une lithographie le nom et la date de la confirmation, que le pasteur remettait, à l’issue de la confirmation, à chaque communiant.  A l’issue de la cérémonie, outre les cadeaux, il était courant de se voir offrir une montre, une plante, un portefeuille, une Bible (protestant) ou un missel (catholique). Mais pas de jouets ou de jeux, les cadeaux devenaient eux aussi adultes.  Le service (argenterie et vaisselle) commencé au baptême se voyait complété de grandes pièces pour la communiante qui commençait seulement à se rendre compte de la valeur de cet ensemble.  En attendant l’étape essentielle du mariage. Les filles se voient offrir généralement une petite croix de communion.
Ce qui fait également une certaine mutation dans l’époque contemporaine est que certains jeunes acceptent de se plier à la cérémonie, sans trop de conviction dans une société laïque et dans un environnement familial souvent peu pratiquant ou/et religieux, dans le seul but matériel de se voir offrir non plus des objets utiles mais des consoles de jeux vidéo ou leur premier moyen de locomotion à moteur (scooter). Afin de mieux quitter l’église ?
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Le dimanche de Quasimodo pourquoi ce jour ?
Depuis le Moyen-âge en effet il est courant de baptiser, comme le cierge pascal (grand cierge marqué de l’année pascale qui débute la nuit du Samedi saint, veille de pâque, qui accompagne la communauté tout au long de l’année liturgique) lors de la cérémonie du Samedi Saint. Ainsi au Moyen-âge les premières communiantes revêtaient l’aube blanche pour cette nuit et la remettaient ensuite au dimanche de Quasimodo. «Dominica in albis».   Avec sur la tête une couronne de fleurs. Sur une photographie vers 1960 à Barr,  les communiantes portaient un calot et non une couronne.
Ce dimanche commençait par la prière «Quasi modo geniti infantes» = comme des enfants nouveau-nés. Le samedi, la veille donc de Quasimodo, s’intitule «hebdomada alba» (albaria, in abis). Dans la région de Cologne, la fête porte le nom «Kummelijionsdach».  Elle se pratiqua ce jour dès1661 à Münich, 1673 à Luzern, 1678 à Sélestat. Mais ce dimanche ne fut associée à la fête qu’après la Concile de Trente (1545-1563).

Le jour de la cérémonie de la fête de la communion a changé sous la difficulté des regroupements paroissiaux et par le manque de prêtres, il est courant de voir les célébrations se faire tout au long du temps pascal (Ascension) jusqu’à la fête de la pentecôte, fin du cycle de pascal.

Signification de l’aube blanche :
L’aube blanche revêtue en général le Wisser Sundi, en allemand Weissen Sonntag, le dimanche de quasimodo, le dimanche qui suit la fête de pâque. L’octave (8 jours) de Pâques. Il tire son nom des aubes blanches des communiantes, ne s’est répandue à Strasbourg qu’après 1945. Avant les garçons ne revêtaient que leur premier costume avec un brassard blanc sur le bras gauche. Cette pratique est visible sur de nombreuses photos souvenirs ou des images de communion.
La première communiante (entre 7 et 10 ans, depuis le pape Pie X en 1910)  plus particulièrement, puis plus tard pour la communion solennelle (profession de foi) avec son aube blanche, elle  s’identifie à un ange, à la clarté de la blancheur pascale,  à la virginité, à l’Eglise épouse du Christ.
Les petits garçons eux ne la revêtent pas systématiquement, en Bavière, ils revêtent toujours le costume sombre. Garçons et filles portent le cierge, marqué de leur nom, qui signifie qu’ils portent le message de Lumière du Christ. ( Anke Fischer, Feste und Braüche in Deutschland, édition XXL, Sammüller Kreativ, 2004) . En France, elle semble se développer dès 1965 (Déjà en 1959 à Quesson Senlis)  pour les garçons comme pour les filles. Le modèle marial est évidemment présent dans la tenue pure et blanche, Marie personne humaine est véritablement le modèle pour chaque petite fille d’acceptation du chemin tracé par Dieu. Son «Oui», sa présence au côté de Jésus constitue un modèle parfait.

Pour les protestants, le tenue sombre devient un peu plus claire et certaines paroisses admettront l’aube également.  Certaines paroisses protestantes craignant un glissement vers le papisme, elles auront souvent des réticences.

Le Rite de la confirmation catholique, la confirmation de voeux du baptême faite en présence de l’évêque, donne lieu à deux pratiques : l’onction du saint chrême (huile consacrée lors de la semaine sainte) sur le front de chaque jeune. Il y joint un envoi personnalisé. Et jadis un soufflet, une claque (souffle de l’Esprit) signifiant aussi l’entrée dans la vie d’adulte, mais aussi un moyen pour se souvenir de l’instant de la réception de ce sacrement. De nombreuses photos représentent le communiant avec un cierge souvent fleuri. Telle cette image de 1900.

Et chez les protestants, le contenu de cette fête est très semblable, dès 1737 on possède des registres paroissiaux de Hanau-Lichtenberg où sont consignés les âges des confirmands, ils ont entre 13 et 17 ans, ce n’est qu’en 1742 que dans le même comté fut ordonné que la confirmation ne devait pas avoir lieu avant l’âge de 14 ans. (Freddy Sarg, la confirmation en Alsace éditions Oberlin, page 18, 1981).    il s’agit de confirmer les voeux du baptême,  mais après avoir vérifié leurs connaissances pour leur vie durant de la foi chrétienne. En 1617 un règlement ecclésiastique signale que le catéchisme durera «trois ou quatre semaines». A Diemeringen en 1693, il en compte environ quatre, à la fin du XIXème siècle, il durait 4 ans, à raison d’une à deux séances d’une heure par semaine. Dans les années 1980, il durait trois années de 13 à 15 ans, à Saint Paul il en durait même quatre. Jusqu’à la deuxième guerre mondiale, le catéchisme à retenir était en langue allemande. Il fallait connaître par coeur, les dix commandements, le Notre-Père, la confession de foi, quelques psaumes, dont le plus connu le psaume 23 (Dieu est mon berger) et les 6 points fondamentaux du petit catéchisme de Luther.  Dans les années 80 où certains de mes amis protestants se préparaient à la confirmation, ils disaient leur difficulté de retenir ces versets bibliques par coeur avant de passer leur  «examen de catéchumène» de leurs connaissances. Gageons qu’ils connaissent encore aujourd’hui ces versets appris dans leur prime jeunesse. Mais d’une paroisse à l’autre, la pratique du pasteur n’était pas la même. D’autres n’ont pas eu à apprendre autant à la même époque.  Il avait lieu le dimanche des rameaux, le dimanche avant pâques donc, comme le précise déjà un texte du comté de Hanau-Lichtenberg, en 1659, en présence de leurs parents et parrains pour les rassurer et «les faire promettre de persévérer dans la foi et la vie chrétienne et de participer régulièrement au culte». (page 31). Cet examen se fait dans une église pleine à craquer, plus remplie que le jour du vendredi saint qui est pour les protestants, le jour où la pratique est la plus élevée. Même les catholiques venaient voir ceux qui témoignaient de leur foi lors de cet examen, dit ce témoignage datant de 1951. Les questions portent sur le contenu du catéchisme, question de réflexion et des textes à connaître par coeur.  Depuis les années 1980, les apprentissages par coeur ont disparu ou presque. Depuis février 2011, les jeunes catéchumènes vaudois pourront à nouveau se faire confirmer, telle que l’a décidé le parlement de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud.

Tenue de fête :  La confirmante était vêtue d’une robe était sombre jusque dans les années 60 et bien au-delà. Les images souvenirs comportent un choix de verset biblique effectué par le pasteur en fonction de la personnalité du confirmé. Ce verset manuscrit ou imprimé va suivre le confirmé tout au long de sa vie. Et même lors de ses obsèques on le citera, lors du parcours de vie.  Le verset est remis calligraphié ou orné au communiant. (On le nommait le Konfirmationspruch,)  Il fait l’objet de collection à l’image des Goettelbrief du baptême. La pratique a été quelque peu remplacée par les petites images de communion au cours de la deuxième moitié du XXème siècle.  Un très beau livre raconte l’histoire des ces images-souvenir «le monde merveilleux des images pieuses» Hermé, Alain Vircondelet, septembre 1988) il mérite à lui seul un dossier.On y reviendra sans doute.
 Les cadeaux sont sensiblement les mêmes, à l’exception de la petite croix huguenote offerte aux filles, le verre de confirmation en cristal gravé, sous l’influence des cristalleries de l’est.

La Bar-Mitzvah (bar-mitsva, qui signifie «fils de la loi») est le rite de passage des garçons de (jadis 13 ans, mais 16 ans depuis 2010) 16 ans, «fils du commandement» et correspond à son acceptation des commandements, qu’il est en âge de comprendre.  Il est alors officiellement responsable de l’accomplissement des commandements de la Thora, la loi de Moïse. Initiée au moyen-âge, elle fait passer le jeune de la communauté des femmes (et de leurs enfants) dans celle des hommes.
Ce rite a été institué par les rabbins dans le Traité de Pères. (Pirké Avoth)
Le rite réservé aux garçons est ouvert aux filles dans certaines communautés juives libérales, se nommant alors bat-mitsva «fille de la loi». 
Il portera ainsi pour la première fois les phylactères et le Talit (le châle de prière). Puis il montera pour lire la Torah, le livre sacré, la Bible,  on appelle cela la derachah. Il sera préparé à comprendre l’hébreu, les fêtes, la liturgie, les lois de Moïse. Mais le rite n’est pas collectif, c’est individuellement qu’il se produit, en trois étapes successives, au sens, que le jour de son anniversaire, il assiste à la prière du matin et le samedi qui suit, il retourne à synagogue revêtu du châle de prière et lit publiquement les prières de l’office. La réception a lieu le soir qui suit cette cérémonie.

Ce repas est une grande fête,où le jeune accueille avec ses parents les invités, qui viennent bien habillés pour honorer enfant et parents,  dans des lieux généralement loués pour l’occasion,  un buffet (Kasher) qui s’ouvre par la récitation d’une prière sur le vin. Elle est généralement plus importante et élaborée avec orchestre et musiciens, spectacles et danses,  ce qui n’est pas le cas dans les fêtes de la foi chrétiennes. Elle est à comparer aux 4 fêtes dont trois successives dans la religion catholique (baptême, première communion, communion solennelle/profession de foi, confirmation) ou  deux fêtes éloignées (baptême, confirmation). 


Le Repas de fête  Et comme tout événement aussi immatériel qu’il soit s’adresse à des êtres incarnés, l’événement doit être marqué par des agapes.  Le repas des communions solennelles n’y fait pas exception, il est souvent l’occasion de mettre les petits plats dans les grands, avec l’amélioration du niveau de vie, la liste des plats s’allonge.  Ce menu de 1962 (ci-contre) montre qu’il est composé de 6 plats différents. Dans les menus alsaciens, on commençait par un bouillon, des bouchées à la reine ou un lapin assortis des traditionnelles pâtes alsaciennes confectionnées maison, souvent un vacherin en dessert ou des oeufs à la neige avec le traditionnel biscuit.  Surmonté d’une figurine de communiant(e). Ce n’est que depuis 1868 selon une étude du pasteur Sarg que les menus laissaient un peu de place aux fromages et aux poissons.  Je voudrai citer ici un menu de 1908 d’un confirmante protestante que F.Sarg a publié,  pour les invités de Volksberg, ou le bouillon de viande aux quenelles à la moelle, est suivi du pot-au-feu avec crudités et raifort, puis d’une tarte aux quetsches séchées. (? Si quelqu’un sait quelque chose à ce sujet !) Puis on poursuit ou l’on reprend une choucroute avec lard et saucisse à frire (!) suivi d’une crème à la vanille avec boules de neige (Schneeballe, oeufs à la neige) et le traditionnel «gâteau de santé» (Gesundheitsküeche) suivi d’un café et «Kirsch» (eau de vie !). Ce qui ne convenait pas à un estomac de moineau.
Je ne sais s’il était suivi du traditionnel  repas du soir qui est traditionnellement composé d’un jambon en croûte.

Transgressions : Le repas était l’occasion pour le jeune de boire le premier verre de vin, de fumer un cigare ou une cigarette. Ainsi que de présider en son nom et devant la famille élargie un repas. Si le prêtre ou le pasteur était convié au repas, c’est lui qui ouvrait le repas par une prière, pour les catholiques le benedicite.  A.Schweitzer aurait prononcé un discours lors d’une confirmation où il était invité. Plusieurs auteurs évoquent pour les garçons la première expérience sexuelle (le même jour ou les jours suivants). L’autorisation de sortir et de participer au bal. Le proverbe alsacien signalant que «le coq est lâché, gardez vos poules» (p 73, Sarg, Ich loss miner Hahn lafe, halde eirri Hiehner») (également cité dans  son livre «en Alsace, du berceau à la tombe» Oberlin 1993) explicite bien la liberté donnée au jeune garçon et que l’égalité des sexes n’était pas  à l’ordre du jour.

Peut-on être privé de confirmation ou de communion ?  La question n’est pas si saugrenue que cela, pour les catholiques le fait jadis de ne pas faire tamponner sa feuille de présence, ou d’être constamment absent de la préparation catéchétique est rédhibitoire, la seule menace d’être mis au ban de la classe et de ne pas faire la communion suffisait. Mais le pasteur Freddy Sarg a relevé dans les archives de plusieurs paroisses protestantes qu’il a consulté  des motifs autrement plus sérieux : «manque d’intelligence ou immaturité» vers 1855-1856, «école buissonnière» (1855), «vols chapardages» (1804) «parents partis en Amérique» (1854), «parent et enfant violoniste» dans un cabaret suffisait en 1854 pour être reconnu comme ayant des fréquentations peu sérieuses, mais la situation des parents pouvait elle aussi nuire à l’enfant, tel que le parent en prison pour faux serment en 1889.  Mais malgré tout le catéchisme buissonnier était mieux que de devenir catholique (Marguerite P. 1855, née d’un mariage mixte qui risquait que son père la contraignit à se faire aussi catholique !, cité page 98). Les divisions entre communautés sont tenaces !

Confirmation politique : Ce rite de confirmation est tellement ancré dans la société, que sous l’annexion de fait opérée par le Reich ainsi que dans tout le Reich allemand, les jeunes déjà embrigadés par les HitlerJugend (HJ) subissaient eux aussi un rite de passage avec des épreuves physiques et sportives (pour les deux sexes, course, lancer... (voir par exemple, Kehl im Dritten Reich par Harmut Stüwe) autorisant à leur terme le port  pour les garçons du couteau HJ «HJ-Fahrtenmesser»,  d’une longueur de 25 cm, les filles portaient elles un bandeau noir autour du cou. Mais le régime interdisait les groupes de jeunes confessionnels (qui furent dissous) et donc rites de la «Jugendweihe» confessionnelle à l’âge de 14 ans car il devait se substituer au rite de passage chrétien.  Pour la partie allemande passant sous la domination communiste, à savoir la République Démocratique Allemande (DDR-RDA) un rite de Jugendweihe «consécration de la jeunesse» subsistera à 14 ans, avec un foulard bleu cette fois-ci ! Une confirmation laïque, politique et militaire bien plus que religieuse. Les églises protestantes très présentes à l’Est s’y refusèrent toujours. Mais les élèves désirant poursuivre leurs études se voyaient freinés ou refoulés s’ils faisaient leur confirmation et refusaient la Jugendweihe. 
Dans une étude de Marina Chauliac, IEP Aix-en-Provence, relève qu’en 1950 elle concernait près de 80 % des élèves Est-Allemands. Et qu’elle constituait «plus qu’une simple obligation vis-à-vis de l’Etat». Appropriée par la sphère privée elle donnait lieu à des festivités.  Le jeune dans ces manifestations faisait une promesse non pour Dieu mais pour le socialisme (et pour l’état socialiste) qu’il promettait de servir et d’honorer.
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Le rite de passage et d’appartenance à la classe des adultes est évidente et aurait satisfait la définition de Van Gennep.
Ce rite rythme la vie de la société, telles les fêtes du cycle annuel, elle rythme et marque la vie des jeunes, certains confirmants protestants n’hésitent pas à parler aujourd’hui encore «du plus beau jour de leur vie» avant le mariage(sans doute du fait du caractère unique de la fête, les catholiques célébrant l’initiation chrétienne en trois étapes). C’est du moins la première ou l’une des premières fêtes religieuses (la communion privée ou la confirmation pour les protestants) dont ils ont pleinement conscience, où en société, devant la communauté une fête leur est consacrée.  Fête si importante dans leur vie, que plusieurs paroisses protestantes organisent, par classe d’âge, des confirmations d’or. (St Pierre-le-Jeune Strasbourg, 1980).  
J’exclue donc dans ma réflexion, l’époque contemporaine ou des adultes ou des jeunes gens  reçoivent le baptême, le jour de pâques, et qui en général communient le même jour pour la première fois au terme d’une longue préparation.

C’était de plus,  jusqu’à l’obligation scolaire à 14 ans, le début de la vie professionnelle. Car pour le monde des employés et des ouvriers,  dès la rentrée suivante le ou la jeune commençait chez un patron sa vie de salarié, l’occasion de partir à la ville pour prendre un contrat de bonne ou d’employée de maison ou rejoindre la famille éloignée.  Mais cela c’est une autre histoire.
L’éclatement des familles, la perte du sens religieux, le relativisme fait perdre la notion d’engagement durable. Le mariage en a fait les frais, le sens de la communion suit la même pente. La confirmation et la profession de foi si elle marque la fin de l’enfance, marque aussi souvent la fin de la fréquentation de l’église, ce que résume la formule humoristique «Sie sin zür Kerich hinüskonfiermiert wore !». Ce qui signifie approximativement :  Leur sortie de l’église a été confirmée !  D’où les initiatives pour inciter les jeunes à s’engager dans divers mouvements de jeunesse ou de mouvements caritatifs. (JMJ par exemple !)
Pourtant, le message de la confirmation, des communion est fort, c’est comme tout rite, un signe, un signe indestructible comme tout sacrement. Un signe d’appartenance au Christ, mais plus encore, au-delà de nos infidélités,  Jésus ressuscité demeure indestructiblement, au-delà des épreuves et de la mort, à nos côtés, si nous nous l’oublions, lui à nos côtés, ne nous oubliera pas, car nous avons dit «oui» à ses côtés un beau jour de printemps, quelques jours après pâques pour célébrer déjà la Résurrection.  

 

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Pour en savoir plus, on peut lire : * toute l’Alsace, coutumes et costumes alsaciens, Philippe Legin, saep  Ingersheim 2 trimestre 1993.  * La confirmation en Alsace, ouvrage de Freddy Sarg, Oberlin, , Strasbourg 1980, * les rites de passage, Van Gennep.* le monde merveilleux des images pieuses, Alain Vircondelet, 1988  Hermé.

 

ou le livre paru aux éditions Ouest-France :

 

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