C ‘est l’histoire d’un prêtre noir, cela commence comme une histoire du comique Coluche, mais c’est une histoire vraie, souvent drôle, toujours empreinte de vie et de naturel que nous conte, le premier prêtre noir du diocèse de Paris, Arnaud Goma venu du Sud. Africain d’abord il vient dé Brazzaville où il a passé la moitié de sa vie, puis du Sud de la France (où il a été vicaire durant cinq ans) dans le morne et triste gris parisien des Parisiens pressés, grognons, ronchons, mal élevés et pourtant si attachants sous leur ciel gris. Il a fallu qu’il se «convertisse» dit-il pour «comprendre le sens de ma venue à Paris» et il a compris que malgré toutes les «contraintes», la capitale est un lieu d’ouverture, de croissance social et spirituelle». Il évoque sa mission, son sacerdoce et ses ruses personnelles pour contrer le découragement et la déchristianisation ambiante.
Car tout d'abord vicaire à St-Denys de la Chapelle (18ème en 2009) puis curé deux ans plus tard dans cette même paroisse. Il est membre de la communauté du Chemin neuf.
Ses armes : la prière, l’attachement viscéral par la consécration constante au Divin, l’humour, la bonne humeur qui manque tant à notre quotidien, un saint triste est un triste saint pourrait-il écrire. Il a le dynamisme de sa jeunesse, l’encouragement de son entourage familial qu’il reconnaît vite élargi, un voisin peut devenir un membre de sa famille. Pour lui sa venue est aussi un signe «intégration possible pour certains jeunes prêtres africains étudiants à Paris».
Il est également de bon conseil pour expliquer les coutumes, les croyances des fidèles d’origine africaines, aux prêtres installés à Paris. Ils méconnaissent par exemple «leur attachent aux prières charismatiques» mais aussi comment les fidèles peuvent se «débarrasser de certaines croyances : occultisme, place faite aux ancêtres...»
Parmi ses autres armes, l’eucharistie, pour lui elle doit être nécessairement joyeuse, priante. Ne pas être obsédé par l’horaire, une histoire qui aurait pu être un drame nous le confirme, une messe ultra courte en réponse à des critiques sur la longueur de sa messe, va être mis comme en suspens, par l’évanouissement d’un des fidèles (j’allais écrire patient !). Les impatients en sont eux pour leurs frais, car l’arrivée des secours et les premiers soins seront administrés sur place et feront de sa messe TGV, la messe la plus longue.
Et une bonne leçon pour y reconnaître qu’un peu de temps consacré à Dieu chaque semaine, n’est pas un luxe, dans un monde où souligne-t-il on n’hésite pas à passer des heures au stade, au spectacle, et ne dit-il pas devant la télé. Car il s’en est débarrassé pour ne pas «broyer du noir» par les mauvaises nouvelles continuelles.
Le livre est frais, gai, entraînant, l’homme est attachant, jovial, aimant le contact et le partage. Ce prêtre est touchant par sa foi et son tempérament peut-être avec un peu de folie que donne l'Esprit Saint pour bousculer les barrières, les appréhensions, les douleurs et les souffrances. Un livre que je conseille aussi bien aux prêtres, mais aussi aux fidèles, on en prend aussi pour notre grade, les ritualistes, les râleurs de tout poil et c’est de bonne guerre, car qui aime bien, comme le curé Goma..... châtie bien. Car ce livre avoue-t-il dans une interview «relate ma conversion intérieure» ce pourrait être aussi pour ce temps de carême une aide pour la notre. (Extraits du livre et de l’interview donnée à Agnès de Rivière pour nouvelle cité, février 2013, Nouvelle Cité)