est le symbole de la vie, la vie à venir, le début de la vie de l’animal. Il symbolise au-delà l’éternité, la fécondité. Ronstatt le dit déjà à son propos. (voir plus haut) Les diverses sociétés ne s’y trompent pas : en l’Inde, l’œuf est le monde dont le centre est Siel. Chez les Iraniens c’est l’œuf qui est l’origine du monde, dans la religion de Zoroastre on considère que tous les dieux sont nés d’un même œuf.
L’œuf dur
est parcontre le symbole de l’endurcissement de Pharaon face aux douze plaies d’Egypte envoyées par Dieu pour libérer son peuple de son joug.
Mais depuis la Pâques chrétienne, l’œuf est devenu le symbole de la résurrection s’y mêlent l’interdiction du temps de carême d’en consommer et le stock ménager des œufs réuni durant ces 40 jours.
L’œuf est alors l’existence à travers la coque - non visible donc- de la persistance de la vie au travers du tombeau. La coquille serait le corps du Christ ressuscité, le blanc d’oeuf est l’âme et le jaune la divinité, tout un résumé théologique.
En Europe, la découverte du plus vieil œuf décoré l’a été dans un sarcophage germano-romain datant du IVème siècle. Mais d’autres œufs non décorés ont été trouvés en Hongrie (VIIIè) Pologne, Moravie (XIème siècle av JC).
Au-delà des apparences. La symbolique est puissante. Saint Augustin fut l’un des premiers à relever la symbolique chrétienne dans l’œuf. Mais bien avant lui, l’œuf a longtemps été associé aux fêtes de l’équinoxe de printemps. (Guy Breton)
On sait que des œufs ont été trouvés dans les sépultures à l’époque classique et dans une statue du dieu Dyonisos en Béotie.
L’œuf est donc une offrande faite aux morts qui les accompagne dans l’au-delà, et ceci depuis 6000 ans dans les tombes d’Ur dans la capitale sumérienne. On a également trouvé des œufs en argile, selon Yvonne de Silke, Bordas, fêtes et croyances populaires en Europe, dans les tombes de Suède et de Russie. Christianisée, l’église institue les bénédictions d’œufs dès le XVème siècle, on nomme ce rite la « Benedictio ovorum » dont une trace subsiste dans le rituel général. Au XIVème, l’œuf débarque à la cour des rois de France, d’Allemagne et d’Angleterre. Mais, il semble donc que la coutume soit plus ancienne.
Traditions alsaciennes
: Si le ciel même est en fête, le jour de la résurrection de Notre Seigneur, les anciens nous disent que le soleil fait trois sauts dans le ciel (trois bonds au dessus de l’horizon selon d’autres sources) pour s’associer à la joie et aux alléluia qui bondissent des coeurs. Toute la vie alsacienne est en fête, dans les cuisines se préparent les lammele. (image ci-contre)
En Alsace, outre la confection de lammele (petits agneaux cuits dans un moule en terre cuite en forme d’agneau pascal, agrémenté d’un drapeau aux couleurs vaticanes et d’un ruban), de courses d’œufs, on connaît de nombreuses croyances liées à son usage. Ainsi les œufs pondus le vendredi saint devaient faciliter l’apparition des dents chez les bébés. On frottait les œufs sur les gencives. Un œuf fécondé le vendredi saint, dit-on à Niedersept donnerait naissance à un poulet multicolore « Karfreitaghunn ». On pensait aussi à Krutt et à Bouxwiller qu’un œuf pondu ce jour-là donnait des pouvoirs magiques, notamment de voir les sorcières dans la nuit de noël. L’agneau a également une signification double : l’agneau (de l’ancien testament que la famille juive consomme lors de la pâque en souvenir du passage de l’ange du Seigneur qui a tué tous les premiers nés dont le linteau de la porte n’a pas été marqué du sang de l’agneau) et Jésus : l’agneau de Dieu venu sauver le monde du péché originel, symbole de la résurrection. (oeuf en croquant, ci-contre, et lapin en sucre cuit rouge). La maison alsacienne chrétienne à l’instar de la maison juive (débarrassée de tout levain) bénéficie d’un ménage complet en règle “Osterputz” toujours très pratiquée.
Sortant dans la cuisine, les enfants s’affairent également. Les croyances sont nombreuses au sujet du lièvre de pâques, jadis compagnon de la déesse Ostara, qui continue de pondre les œufs de pâques, enfreignant toutes les lois naturelles. Ainsi Jean Fischart, écrira en 1572 : « Ne te soucies pas du fait que le lièvre puisse s’enfuir loin de ta broche, si nous n’avons pas les œufs, nous retirons le nid ». En effet, il était de coutume de réaliser le samedi saint dans les jardins des « nids en mousse » (Moosehiesele) 1 pour que le lièvre de pâques puisse y pondre au matin de Pâques. La recherche des oeufs, au retour de la messe de pâques, dans la rosée matinale était réputée excellente pour la santé et le teint des jeunes filles. Le lapin de pâques est un symbole de fécondité, on le voit depuis l’Antiquité sur les fresques. On attribue à un couple de lapins d’avoir repeuplé (et surpeuplé de leur progéniture) toute l’Australie. Le lapin est d’ailleurs dans l’Hortus deliciarum, le symbole du péché de chair, les « incontinenti » les incontinents sexuels ou les « insatisfaits ». Le lièvre fut interdit de consommation en 751 par un décret de Saint Boniface puis par le pape Zacharie. Il semble que l’interdiction ne fut jamais appliquée en Germanie. Les divinités d’y nommaient Ases.
Décorer des œufs est donc une tradition bien ancienne, relevant des femmes et des enfants. Ils étaient décorés jadis selon un symbolisme lié à chaque village, à chaque famille, avec des motifs symboliques de fertilité, de protection, de richesse. Par ses décors on pouvait identifier facilement la famille qui l’offrait. On les décorait souvent de vert en Allemagne. En Tchécoslovaquie, jadis, ils étaient rouges. (Kraslice)
Une fois décorés, on assiste à partir du Moyen-âge, à des quêtes cérémonielles faites par les jeunes. On offrait en Alsace des œufs rouges aux parrains et marraines, on a exporté cette tradition à la cour du roi de France, après le traité de Westphalie.
Les oeufs sont mis en valeur dans les maisonnées par des Arbres de pâques, tradition qui s’est répandue depuis le début des années 90,l’on décore des branches d’arbustes fleuris forsythisa, noisetiers, branches d’arbres fruitiers, avec des oeufs décorés, des petits lapins et des rubans.
1 voir à ce propos « à la quête de l’Alsace profonde », Marguerite Doerflinger et Gérard Leser, éditions SAEP Colmar)
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