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Une gerbe de bonheur : Glückelhampfel !

(petite gerbe de bonheur)

 

Une gerbe de bonheur de la chance et la dernière gerbe à couper.  (elle porte différents noms : Glückelshampfel, Hampfela, Hampfel selon les prononciations de la langue alsacienne, mais son rite se maintient principalement au Sundgau au Sud de l'Alsace). Dernier carré de blé fauché, on en gardait 7 épis (la prospérité) ou 3 de 3. (symbole trinitaire afin de remercier Dieu des grâces de cette récolte).  Ces 3 bouquets de 3 étaient reliés par un ruban bleu et présenté à l'église pour être béni. Prétexte également à une belle fête des moissons, notamment dans les villages du Sundgau. Cette gerbe était ensuite placée dans le Hergottswinkel (derrrière la croix du Christ) le coin du Bon DIeu dans la Stubbe de la famille. Aux semaines suivantes on mélangeait quelques uns de ces anciens grains bénis de l'ancienne récolte avec les nouveaux semis.

 

Elle signifie certes la fin d’un travail mais bien plus.  Dissimulées au centre de cette gerbe, des friandises à destination des enfants. On y voit aussi une offrande aux dieux, à Dieu et une crainte dans son éventuel contenu. C’est en effet derrière ces derniers épis que pourraient se réfugier d’ étranges divinités ou même la(es) force(s) de la Nature. Voici les sens de cette dernière gerbe coupée à la fin des moissons. Cela va bien au-delà d’un dernier coup de faucille.
Voilà tout l’univers que ce dossier veut vous faire découvrir à travers d’étranges traditions.

 

 

Symboliquement la moisson est la «fin d’un monde», du  moins la fin d’un cycle, qui semble s’être bien déroulé, puisque les ouvriers récoltent la moisson. «Lancez la faucille, la moisson est mûre» c’est bien ainsi que le prophète Isaïe dit que le Seigneur annonce le jugement dernier.
Et nous voilà donc bien dans l’ambivalence d’un côté la mort, avec le rôle de la faucille qui coupe, fauche telle la mort, et la récompense et la joie d’un travail achevé qui s’est bien déroulé tout en craignant que la pluie ne gâche le travail.  Le lien avec la mort qui fauche se trouve dans les représentations fort anciennes (p.64 De toute l’Alsace, SAEP Colmar, extrait de Wimpleing, adolescentia, 1506, ci-contre)

Ainsi on trouvera les femmes dotée d’une mission particulière, souvent elles se couvrent d’une couronne d’épis (suite p16) agrémentés de coquelicots ou de fleurs, ce bouquet que l’on porte par exemple en Slovaquie, ou tel autre immense bouquet en forme de couronne que portent deux femmes marchant l’une derrière l’autre, suspendu à une perche horizontalement. tel une prise de guerre ou de chasse.


Il faut rendre hommage à la cité de Kappelen qui durant quelques années -plus de 25 ans- restitue cette tradition en évoquant le grain, le bois, le lait. Et en 1998, elle a rendu hommage à la récolte du grain.
Elle n’a pas oublié de mentionner et réveiller la cérémonie en costume d’époque, le 16 août, de la gerbe “porte bonheur” cueillie au milieu du champ.
Mais ce fameux Gluckshampfele (ou die letzte Garbe, la dernière gerbe dans le Bas-Rhin) que nos anciens ont encore en mémoire est un mélange de croyances et de superstitions bien intéressant.
On sait que la cueillette de plantes aux vertus médicinales avaient lieu autour de la saint Jean et la famille à la fin de la moisson se réservait quelques épis afin que devant elle on récite le rosaire et 5 Pater, l’enfant (le Glüekskind.) Freddy Sarg, précise qu’il s’agit d’une jeune fille qui invoque la Trinité, qui procède à la coupe.
Elle coupait enfin les derniers épis en trois coups secs, la gerbe ainsi récoltée est nommée le “Glüeckshampefele” (gerbe du bonheur) et sera bénie le 15 août en compagnie du “maie” (sapin) de la moisson décoré de rubans et de fleurs.

Cette tradition du «maie» est vive dans les villages allemands du pays de Bade-Wurtenberg ou de Bavière qui dressent ce sapin décoré de rubans pour la Walpurgis nacht, la nuit des sorcières, veille du 1er mai.  Ils débutent ainsi le mois de Marie, à l’occasion d’une grande fête populaire.  On les retrouve sur les mâts de cocagnes, dans les Messtis et les Kilbe (synomiques de Messtis, fêtes foraines ou fêtes populaires locales des récoltes) .

 


Revenons à la gerbe  qui se retrouve accrochée dans le foyer au crucifix dans l’”angle du bon Dieu” (Hergotswinkel) un coin de la cuisine, la Stubbe, ou le salon où le crucifix était attaché en coin.  On trouve également des auteurs qui signalent que la gerbe, la couronne fleurie  était accrochée au-dessus de la grange jusqu’à la prochaine récolte et donc la prochaine couronne. Tel le rameau accroché au crucifix du dimanche éponyme.

Certains ajoutent que certains paysans mélangent ces graines aux prochains semis. Transmission des forces anciennes aux nouvelles, mais aussi une manière de faire du neuf avec du vieux et de renouveler le cycle des saisons.
 
Première observation,  si cette dernière poignée donnait tant de crainte c’est que les anciens craignaient que dans ces dernières touffes se cachent, outre des animaux (ce qui était possible) les esprits mauvais. Ainsi la fameuse “Kornmutter” (la mère des grains/céréales) (aussi nommée die Alte (la vieille) , (voir les autres appellations dans l’encadré). Mais dans les craintes et les croyances, il semble qu’elle ne soit pas seule. Freddy Sarg, évoque les craintes des démons du grain “Korndämon”.  (les démons des céréales) Ce seraient des monstres mi-homme, mi-animal qui parfois même ressemblaient à des loups, à des chiens ou à des lièvres.(voir ci-contre) Et agitent les champs de blé d’où certains textes que rapporte cet auteur dans son livre :
“De Wolf ziejt durch’s Korn
D’Hase lafe im Korn
d’Hunde jawe imm Korn”
‘(“le loup passe dans le champ de blé, les lièvres courent dans le champ de blé, les chiens passent.....)  Freddy Sarg, in «fêtes coutumes et traditions, en Alsace, du berceau à la tombe, éditions Oberlin, Strasbourg, 1993, page 223)


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Peur pédagogique
Cette crainte pouvait aussi permettre d’éloigner les enfants des champs afin qu’ils ne viennent par leurs jeux ou leurs poursuites, abimer et gâcher le travail ardu d’une année entière.

Crainte primitive ou mesure d’éloignement des jeunes des champs comme la fameuse “Kornmutter” mère des céréales ?
En Allemagne on trouvera cette crainte et une offrande pour le culte de la Frau ou encore la part de l’opprimée (la “Bonne femme” “Gute Frau”  ou “Arme Frau” pauvre femme” ou encore l’épouse du blé...)
Ainsi une fois le champ moissonné commençait le droit de glaner, Ähre uffhewe,  les épis oubliés étaient ramassés et portés aux personnes pauvres. Avant le début du glanage tolérant ce ramassage.  
Une autre explication serait que toute la force de la nature se réfugie dans ce dernier carré non fauché et que si  on le coupait on priverait la nature de son potentiel de renouveau. Et comme le dieu Oddhin, le dieu germanique n’est jamais loin, le cheval d’Oddhin doit avoir sa part.  (NDR : on peut voir un certain lien avec la paille que les enfants offrent à l’âne de Saint Nicolas, le 6.12,  qui justement pour certains est une nouvelle représentation du dieu Oddhin.)

Retzwiller : ruban :
Le rite ne tient plus si l’on découvre qu’à Retzwiller, (Dannemarie, 1890-1893), le coin est choisi dès le début du fauchage, il est orné d’un beau ruban. Mais on commence à faucher à l’autre bout du champ.

Ce fameux petit brin de bonheur (qui n’a pas  les mêmes vertus que notre brin de muguet contemporain) avait aussi pour mission de veiller à la fécondité du champ pour l’année nouvelle.  Un rite de fertilité supplémentaire, particulièrement indispensable dans les cultures rurales et agraire, la question de survie de la communauté y était attachée.

Les petits alsaciens chez eux ... La moisson a également rassemblé d’autres traditions, pour Kauffmann, qui raconte aux “Français de l’intérieur” à l’époque où l’Alsace avait été  conquise par les Allemands, on jetait dans ce dernier épi “des pièces de menue monnaie et des friandises.” et la moisson terminée ce sont tous les ouvriers “moissonneurs, patrons, ouvriers, enfants, l’entourent et, à genoux, récitent en choeur le Pater. Puis, armé d’une faucille, l’un des enfants s’approche de la gerbe porte-bonheur qu’il doit couper en trois coups, en l’honneur de la sainte Trinité.”

A Steinsoulz, quelques pièces y sont glissées sans que les enfants le voient. Mais c’est un enfant qui coupe au nom de la Trinité et le texte précise en «3 respirations».

En 1850-1870, près de Mulhouse, on parle d’un credo et de 5 Pater (p.1838 de Arnold Van Gennep).  Une autre variante multiplie le chiffre magique 9 (3x 3 trinitaire) en récitant 9 pater, 9 avé et 9 épis apportés le dimanche suivant à l’église pour le faire bénir. Il ornera ensuite la crucifix familial (p.1840, Van Gennep). A Mulhouse, la coupe est effectuée par une jeune fille qui les coupe et les lie.

Une enquête de 1930 de A. Pfleger auprès des lecteurs de l’Elsässer Kalender a confirmé la pratique de cette gerbe dans le Haut-Rhin dans les villages de Ballersdorf, Traubach, Werentzhouse (près de Ferrette), mais aussi en Suisse proche ou dans le Bas-Rhin à près de Saverne à Waldolwisheim.  (Van Gennep). Mais aussi dans le Kochersberg à Truchtersheim ceci avant 1949.

La messe avant les moissons
Il était courant jusqu’à la deuxième moitié du XIXème siècle de faire célébrer une messe avant les récoltes, à l’ouverture ou le dimanche précédent. Mais on trouve également de nombreux rites de prières durant les moissons, signe de croix avant les récoltes (dans les Ardennes, Asfeld, par exemple) ou prières autour, avant, durant la pause ou autour de la dernière gerbe.
 

 

Cortège :
Mais la «cérémonie» ne s’arrête pas là, après avoir bien lié les épis, on le place en tête du premier char et le cortège rentre au village, les enfants sur les gerbes. Mais avant de rentrer les récoltes, on l’accroche à la poutre de la grange comme nous l’avons vu.  Selon Paul Kauffmann en 1918,  les épis perdus sont ramassés et accrochés au crucifix, aux bénitiers de la demeure et suspendus à la tête des lits. L’objectif étant d’attirer la bénédiction du Ciel sur la famille et sur le travail accompli. (Nos petits alsaciens chez eux, Paul Kauffman, infolio 1995 réédition du livre de 1918 chez Viroflay). Tout en remerciant le Créateur origine et fait de toute chose. 

Une fois étudié le rituel et ses quelques variantes arrive l’interrogation sur les motivations. Toutes les moissons sont entourées d’un certain rituel, car la moisson c’est la dernière étape d’un cycle. Une sorte de mort programmée d’une année. D’ailleurs la mort n’est-elle pas symbolisée par un faucheur ?
La femme qui fait donc cette offrande finale doit user d’un certain rituel afin de ne pas offusquer les puissances agraires.
 
Dans d’autres régions européennes telle la Finlande ou l’Estonie, on sacrifie le premier agneau né dans l’année le matin du jour où débute les moissons. La victime est saignée entre les sillons de la terre et ses entrailles sont offertes comme paie à l’ours. La viande est consommée sur place et ce qui est très intéressant, trois morceaux sont offerts à l”esprit de champs”.  Ou encore les premiers qui sont offerts “aux filles de la forêt” à la “cache de la femme de la forêt”. Ainsi de suite. On fabrique avec ces épis sélectionnés, dans certains pays européens, des «peignes» des «barbes de maître» en paille tressée, des poupées «pays balkaniques» appelées «Reine du blé» habillée «avec la chemise de la dernière jeune mariée de l’année, et promenée en procession à  travers le village pour être jetée vers le crépuscule dans la rivière», précise Yvonne de Sike. Etrange rite de fertilité.  D’autres épis serviront aux déguisements des futurs costumes et masques et des accessoires pour le carnaval futur. Une énergie au service d’autres divinités. Dans les pays orthodoxes le premier pain confectionné avec la farine de la récolte offert à l’église sera conservé dans autel domestique près des icônes. On leur prête aussi des vertus curatives. Mais on confectionne aussi des couronnes de blé, sortes d’immenses couronnes de blé.

Première ou dernière gerbe les actes des moissonneurs divergent, la première a des pouvoirs “divinatoires” pour les Estoniennes qui l’interrogent sur .... leur futur époux ou encore elle est placée dans la maison en signe de protection de la récolte contre la foudre ou les rats ! En les nourrissant peut-être ?

Ce blé a une importance toute particulière dans la société, il est la base de la nourriture des mois à venir. Aussi on lui rend un culte et un hommage tout particulier. Les objets confectionnés en paille bien connus des nordiques, ou de ceux qui ont parcourus les marchés de Noëls germaniques, en sont des descendants contemporains. On rembourrait ainsi des poupées, on confectionnait des couronnes de pailles, des animaux (ours, boucs “julbock” en Suède ou en Norvège .... au moment des fêtes de fin d’année, on offrait un bouc (le bouc-émissaire) de maison en maison, ils se sont peu à peu occidentalisés et se sont transformés en rennes de paille plus avenants.  

 

 

nouvelles-images-3181.jpg Si les enfants ouvraient les récoltes en coupant quelques épis, et si la fin avait cet allure de fête et de besoin de protection. La mécanisation a complètement fait disparaître cette fête et ce besoin en main-d’oeuvre saisonnière et massive. Les derniers villages qui perpétuent ces traditions ont bien du mérite car ils tentent de donner une âme à ces champs “dopés”, mécanisés, qui donnent le confort et une alimentation moins chère, au prix de pollutions, d’usure des sols et pour les ethnologues de belles traditions sacrifiées. L’écomusée d’Ungersheim par ses mises en scène de la vie paysanne propose de voir fonctionner les machines (louées et itinérantes dans la campagne) et le processus de mécanisation du labeur.
Travail harassant   si la moisson est un travail harassant, il fut souvent accompagné de la récolte du tabac. Aujourd’hui encore la récolte est souvent manuelle et le travail de ramassage du tabac sous le chaud soleil d’août est le premier emploi saisonnier  d’été  des jeunes. Le tabac s’est développé comme revenu annexe des exploitations agricoles malgré une réglementation sévère. Repiqués après les saints de glace (Pancrace, Mamert, Servais) ils font l’objet d’un soin attentif et réglementaire, 40 cm entre les plants, et des raies espacées de cinquante. Au bout de 7 à 8 semaines la plante atteint la taille requise et le bourgeon terminal, auxiliaires étaient pincés pour entraîner le développement des feuilles (laissant au passage comme preuve de son travail, une épaisse couche noirâtre persistante et  poisseuse sur les mains).
La récolte de juillet est ainsi contée par Antoine Kocher Saisons d’enfance en Alsace,  éditions du Bastberg. page 102 à 105  : “la récolte s’étalait sur un mois d’abord les feuilles du bas qu’il fallait cueillir à genoux ou accroupis, dans la chaleur et l’odeur entêtante, puis celles du milieu “S’Mittelgut” qui pouvaient atteindre 70 cm de long et le bouquet final”.
On enfilait les feuilles sur des ficelles, sorte de guirlandes de feuilles à suspendre sur des séchoir. Plus tard, il faudra les assembler par 25, au mois de novembre, après les avoir brossés afin d’en débarrasser les poussières de moisissures.  Le travail a changé, mais Kocher précise que la faible enveloppe reçue de la régie des tabacs à cette époque ne payait pas les centaines d’heures passées par toute la famille a prendre soin de ces feuilles et toutes les manipulations nécessaires.

 F.S.

 

Divinités cachées dans les herbes :
Repliée au fond du champ, c’est toute la force de la nature qui s’est y cachée, qui a fuit, la force de la terre ! Ces derniers grains seront ainsi soit épargnés, soit offerts, soit repris pour d’autres usages symboliques. Elles porteront des noms positifs ou négatifs, féminins ou masculins  :
Gute frau (bonne femme)           
Arme Frau (ou pauvre femme)
épouse du blé
Mère du Blé
Mère de l’épi
«la Baba»
la vieille femme

ou des termes masculins, dans les pays balkaniques : la barbe de Saint Nicolas, du vieillard (Slaves) barbe du Sauveur, Saint Elie. (Yvonne de Sike, fêtes et croyances populaires en Europe, au fil des Saisons, Bordas, page168)  ou en Alsace (Sarg) : Korndämon”.  (les démons des céréales)

 

 

Sources  on pourra se reporter utilement à ces livres :
- Freddy Sarg, “fête, coutumes et traditions  en Alsace du berceau à la tombe” éditions Oberlin, Strasbourg 1993
- Yvonne de Sike Fêtes et croyances populaires en Europe, page 167,
- Paul Kauffman, Nos petits alsaciens chez eux ,  infolio 1995 réédition du livre de 1918 chez Viroflay
-  Antoine Kocher, Saisons d’enfance en Alsace,  éditions du Bastberg. page 102 à 105
- Toute l’Alsace, coutumes, et costumes alsaciens, SAEP, Ingersheim 1993
- Arnod Van Gennep, le folklore français, tome ** cycles de mai, de la saint Jean, de l’été et de l’automne, collection bouquins, Robert Laffont. 1949,1951,1956, 1999
- Ulrich Richert «Retour au Sundgau», mémoire d’Alsace, Nuée Bleue 1991.

 

Cette enquête est parue dans le numéor 161 de la petite lanterne, du mois de juillet 2012.

Reproduction interdite sans autorisation préalable.

 

 

Une pratique de la coupe de cette gerbe du bonheur dans le Sundgau...
Ultrich Richert né en 1921, in «retour au Sundgau», mémoire d’Alsace, Nuée Bleue 1991.
raconte ce rite parmi d’autres, tel qu’il l’a vécu.  Nous conseillons ce petit livre de traditions, la lecture in extenso interessera nos lecteurs.  Nous résumons.

La dernière touffe de blé au bout du dernier champ est la «poignée du Bonheur» qu’il nomme Glückshanfala» (variante d’écriture) qui est rassemblée par le haut, serrée avec quelques épis noués. Il rajoute en fait  non rapporté ailleurs. «un adulte laisse échapper quelques grenouilles et incite les gosses à les attraper». En fait, une habile diversion qui permet de camoufler dans la touffe finale des surprises pour les enfants qui collaborent à la labeur des moissons. Des cadeaux, tels qu’une «tablette de chocolat,  quelques bonbons et quelques sous» y soient glissés.
Le rite se précise autour de tous les faucheurs rassemblés qui récitent des actions de grâce, 5 Pater, 5 Avé. La dernière touffe y est coupée par le Père, ceci en trois coups à mi hauteur au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
On cherche ensuite les cadeaux, les plus beaux épis sont ficelés et vont orner, précise-t-il, le crucifix de la salle à manger. Son rite prophylactique est ainsi mentionné   : mauvaises récoltes, orages, fortes tempêtes.

Le rite est bien vivant et ancré, car l’année où le jeune homme, est éloigné des terres familiales et ne peut participer au rite, la Marraine décide de surseoir à la coupe de la dernière touffe du champ. Le gamin revenu parmi les siens, ils vont ensemble, au retour des vêpres, couper cette poignée du bonheur. Alors que la vieille femme a du mal à se déplacer et fait donc un effort pour respecter ce rite. Ce qui démontre son attachement et celui de la collectivité à cette pratique.

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