Tirez le bon numéro.... Alors voilà vous venez de tirer le 181, avec celui-ci vous avez droit à....un numéro spécial sur la conscription !
Voilà l’été, le calendrier l’indique, le temps ne va pas manquer de nous le confirmer. Les feux de la Saint-Jean l’illuminent le solstice d’été «la noël de l’été» nous confirment les jours sont les plus longs, ils vont bientôt décroître. En attendant à chacun de se mettre aux activités d’été. La petite lanterne en profite pour rappeler à votre mémoire ceux qui jadis une année durant préparaient le feu de la saint-Jean, mais aussi la Kilbe (le Messti) les futures fêtes du 15 août et des récoltes, jusqu’à la date de leur départ pour la conscription. Car ce sont bien des conscrits dont il est question. Regroupés au sein d’une association de fait, ils avaient traditionnellement la charge de préparer, d’animer de transmettre les traditions dans le village avant de se fondre dans une autre collectivité le régiment. Mais nous avons choisi d’évoquer une époque un peu plus reculée celle où les conscrits étaient sélectionnés car seulement un numerus clausus -favorable cette fois, contrairement à la mauvaise réputation et aux effets dévastateurs qu’il a dans les facultés de médecine et dans les déserts médicaux des campagnes françaises- recensant le total des besoins des armées partait, les autres allaient profiter d’un temps assez long (jusqu’à 7 ans) sans concurrents, sans rivaux, sans amis.
Selon les époques en Alsace, la conscription ne prenait pas les mêmes uniformes, les mêmes durées, ni les mêmes directions de régiment, une chronologie complète dans le dossier vous l'expliquera.
C’était la découverte de l’Empire français ou Prussien. L’uniforme des uns ou des autres.
Cunscrit : est l’un des termes pour évoquer le conscrit s’inspirant du français, mais les termes de Gusgri, Gasgri, Regrüde sont aussi repérés.
En Haute-Alsace on trouve les noms de Melissa et Malissen qui évoquent les milices des cités de l’Ancien régime. (p.33 in Toute l’Alsace, coutumes et costumes, Philippe Legin, SAEP Ingersheim)
Kléber n’était-il pas d’abord un officier grenadier autrichien (sous-lieutenant 1779) avant de renoncer aux armes, puis d’être un des héros de l’armée napoléonienne ? La couverture de ce numéro nous montre la classe 1944-1964 et la classe qui part en 1920, déjà un univers les sépare. Plus rien à voir avec les classes napoléoniennes parties pour 7 ans.
Début de notre dossier :
S’il est un thème que nous n’avons jamais abordé, sinon en évoquant les «Goettelbriefe», à l’instar des documents de baptême et de communion, ce sont des documents coloriés évoquant le passage par la conscription des Alsaciens. Quand est-il de ce rite de passage qui a marqué de son empreinte toute vie d’un jeune homme alsacien (Elle ne fut évidemment que masculine jusqu’à une date récente) depuis 1798.
Issue de la Révolution, la conscription est née en 1798. Mais penser qu’en Alsace sous l’Ancien Régime il n’y a avait aucune obligation de protéger la cité pour ses habitants (dits bourgeois) serait totalement faux. Sous l’Ancien régime en Vieille-France ce sont les nobles qui remplissent cette mission, ardente obligation face aux rixes et aux envahisseurs. Le découpage de la société en trois ordres pourvoit en principe à la tranquillité des laborieux. Mais les villes libres organisent aussi une milice dans la cité, et ce fut le cas entre 1691 et 1760 dans la France entière. Déjà on tirait au sort un certain nombre de miliciens. Au moyen-âge déjà les bourgeois devaient défendre leur cité ou leur province. Ce type de service était plus régional ou plus local et ne signifiait sans doute pas une rupture aussi longue et brutale que celle qu’allait infliger la conscription en 1798 suivie des ravages humains des guerres napoléoniennes. L’entrée dans la milice, évoquait un rite de passage, l’entrée dans l’univers des adultes, le droit de s’exprimer au moyen du vote dans les organisations de la cité. Il semble que l’on ait perdu les traditions liées à ce passage.
Lorsque la Révolution fait passer la conscription dans les armées révolutionnaires ou impériales à des durées de trois à 7 ans, avec des jeunes gens de 20 à 25 ans jugés aptes. Le rite devient majeur, marquant. il s’imprime dans la vie et la mémoire des jeunes hommes et même dans chacune des familles qui risque de se voir privée de deux bras mais aussi d’un héritier pouvant de plus mourir sur le champ d’honneur ou de maladie... Il n’en prend donc que plus d’importance.
Fonctionnement Mais il importe de bien comprendre son fonctionnement. Chaque jeune n’allait pas partir, chaque département avait un contingent annuel proportionnel à sa population réparti par canton à fournir à l’armée. Cette population réquisitionnée augmenta au cours des conquêtes napoléoniennes et de ses besoins en force armée. Ce quota devait donc être déterminé dans chaque commune. Le jour de l’examen de bonne forme «conseil de révision» (examen médical), on tirait au sort un numéro, celui-ci s’il était «mauvais» en-dessous du quota fixé, on devait partir sous les drapeaux, s’il était «bon», au-dessus du quota fixé, on ne partait pas au service. Le dernier portait-il souvent une épinglette «dernier au jus» ? J’ai vu ce modèle sans être sûr de sa signification.
Agences de remplacement... On pouvait échanger ce coup du sort, des «agences de remplacement» (9 agences de remplacement officielles à Strasbourg en 1854 !) s’en chargeaient, contre rétribution, et ainsi s’épargner un éloignement de son métier ou du domaine familial. Elles étaient légales et encouragées par le gouvernement de Louis-Philippe. La loi évinçait les entremetteurs douteux et offrait plus de sécurité aux contractants d’un tel échange. Sa valeur était de 1500 à 1899 francs pour éviter à la «victime» de la conscription et s’acheter ainsi un remplaçant. Ils sont plus de 20 000 à avoir recourut à ces services. (p.424 in la fin des Terroirs, Eugen Weber, sous-titré la modernisation de la France rurale 1870-1914) Il existait même une mutuelle qui moyennant cotisation dès la naissance du garçon permettait de financer un éventuel remplacement le jour de sa conscription.
Le nombre important de jeune gens sur le marché du travail, les perspectives de voir du pays, de devenir davantage «français» ou encore de faire carrière (militaire ou civil au retour grâce à des emplois réservés ou doté d’un certain prestige, on évoque les métiers de garde forestier ou débitant de tabac ou employé de préfecture) attiraient les jeunes sous les drapeaux. (Pas forcément français, d’autres, tel le futur général Kléber a bien servit et devint officier sous les drapeaux étrangers, il devint officier grenadier autrichien !). Ainsi dans un canton, si l’on n’en prenait que 35 sur 100, le bon chiffre tiré pouvait devoir grimper jusqu’au n°70 ou 80. (ajournés, réformés...)
La conscription a eut des conséquences sur la productivité agraire, les statistiques de 1873 montrent en France que les surfaces agraires de 1870-1871 avaient diminué par manque de main-d’oeuvre. En quelques sortes «racheter son fils» était un investissement dans le cas contraire, le père devait réduire ou même cesser (donc céder) son exploitation agricole. (déjà cité page 425) Une autre solution pour éviter la conscription était la désertion ou la fuite, des régions en livrent de nombreux récits. Richard Cobb évoquant les années 1790 ou les travaux de Ladurie. Voici quelques exemples, cités page 427 «peu d’inclinaison pour le service militaire» dans l’Hérault en 1825 ou antipathie prononcée pour le service militaire dans le Cantal en 1832. «beaucoup de refus à se joindre à l’armée ; tous les cultivateurs cherchent par tous les moyens à acheter un homme pour remplacer leur fils» lit-on pour le Loiret en 1839. Fuite des Basques vers l’Espagne (Pyrénées, 1840)... et d’autres sont cités. Un autre auteur signale que les Alsaciens étaient souvent volontaires pour remplacer d’autres départements. (page 34 coutumes et costumes alsaciens sans citer de chiffres). La France avant la première guerre n’était pas encore formée et l’unité nationale n’était souvent qu’une idée réelle à Paris, discutable en Province, d’une région à l’autre d’un village à l’autre, on était d’un autre pays. Eugen Weber le développe fortement dans son livre. Mais une fois partis, pour ceux de la vieille France qui eurent à effectuer les périodes les plus longues on constate que 1 conscrit sur trois ne rentrait pas chez lui une fois le service achevé. Une autre vie, un autre lieu, une autre hiérarchie s’était crée. La crainte peut-être de trouver sa place prise dans la famille au retour, peut aussi y être pour quelque chose et la durée de 3 à 7 ans représente presque une génération en tous les cas une éternité pour un jeune de 21 ans. (cf l’analyse sur 10 ans dans un village du Doubs).
Les étapes d’un rituel de plus de deux ans ...
Bien avant, deux ans avant débute un véritable rite sans doute inspiré du compagnonnage. Ce dernier est sur le point de s’effacer à la même époque. On porte des insignes extérieurs, on est Scherzler, (chemise blanche ou de couleur et pantalon blanc et un tablier le Scherz avec les initiales du jeune homme brodées par les filles de la même classe d’âge et des décors floraux ou géométriques à Drusenheim)
puis un an après Ecksteinler (chemise de couleur généralement rouge et pantalon à petits carreaux comme les boulangers et les bouchers, les Eckstein)
et enfin l’année de ses 19 ans, on est Cunscrit. (pantalon blanc et chemise, chapeau orné de fleurs et de fruits ainsi que des rubans brodés). L’année de ces conscrits, débute dès le 31 décembre, la Saint-Sylvestre était nommé le Cunscritag, l’auberge du village accueille les jeunes en âge pour faire le point sur l’année à venir. Ils élisent un président, trésorier, porte-drapeau, tambour- major. Ils sortent alors pour la première fois en tenue et décorés. Puis ils se réunissent tout au long de l’année, organisent les cortèges dansés, maniement dudrapeau,s’entrainentpourlesairsde leurfanfare.Ilsorganisentlesfêtes traditionnelles alsaciennes de l’année, feux de carnaval, course aux oeufs de pâques, lundi de pentecôte, feu de la saint Jean, Messti ou Kirwe (nom donné ) la même fête dans le Haut-Rhin) quêtes et collectes. Ils gardaient viv2a3ntes les traditions populaires. Le déclin de ces conscrits n’est pas étranger à la perte ou
à la raréfaction de ces traditions dont seulement quelques
unes furent reprises par des écoles ou les associations locales sportives ou sapeurs-pompiers. Ce sont les conscrits qui apporteront au maire, au curé, au pasteur (vive le Concordat ! ) un gigantesque pain d’épice magnifiquement décoré. Ils traverseront le village pour distribuer avec une merveilleuse carafe gravée, le verre de l’amitié aux habitants du village qui voudront bien trinquer à leur santé
et leur avenir, précise le livre «le musée alsacien de Strasbourg» par. G.Klein.
la chronologie de la conscription en France et en Alsace
Dans les années 1964, à Benfeld,
à Benfeld, dans le Ried
Alsacien, un char, en fait une carriole qu’un parent
prêtait, mais sans les chevaux, était décorée avec des
bouleaux dans son périmètre, dont les branches du sommet étaient
parées de banderoles comme sur les chapeaux des conscrits. (Dans cette ville ce sont ces
arbres-là, dans d’autres voisins ce sont des sapins). Elle parcourt la ville tirée par les conscrits, en fait ceux qui n’avaient pas trop abusé des alcools. La carriole se rendait de maison en maison, surtout auprès des filles des conscrits.
On notera les deux premiers termes (scherzler et eckstein) adoptés de la langue de Goethe et le dernier (cunscrit) de celle de Molière, on est bien en Alsace ! Pour créer cet assemblage mot de «cunscrit- tag» (conscrit et jour).
Les cocardes des conscrits
Les cocardes des conscrits l’étaient pour faire ressortir le numéro du conscrit, qu’il soit «bon» ou «mauvais». On faisait pour tirer un numéro conforme à ses voeux lire des messes (même des protestants en firent lire chez les catholiques, histoire de s’assurer un succès), mais on effectuait aussi des pèlerinages (dans toutes les régions, visiter un certain Dolmen en Normandie, ou se vouer à certains saints en Bretagne, signale Van Gennep in le «folklore français du berceau à la tombe» vol.1 p.199), des cierges allumés, des talismans, des visites chez la cartomancienne qui n’avouaient ses doutes qu’après...) on cite des rites tels que des os, des anneaux, des pièces de monnaie cousus (sous les Bourbons, une pièce de monnaie portait l’effigie des Bourbons et la figure d’un boeuf, ancienne divinité ?) sous le chapeau, une alliance de mariage pas encore bénie cousue dans le vêtement dans le Val de Villé, plus macabre un «os ramassé à minuit dans le cimetière, ou de la terre de la tombe d’un ami» que l’on gardait au fond de sa poche.Dans d’autres régions on retrouve ces rites et également une dragée du baptême dans le Berry. Mais on signale aussi l’invocation de certains saints, la visite à certaines fontaines... Citons qu’en 1909 selon Hippolyte Marlot, dans les région de Semur-en-Auxois, le jeune devait portait sur soi un «morceau de la délivrance deleurmèrequiaétéconservéeàceteffet»(citép.200parlefolkloristeVanGennep). Lasortiedece tirage au sort donnait lieu fréquemment à des rixes entre villages ou quartiers de la même ville s’estimant plus ou moins bien servis. La procession devait être moins joyeuse dans le sens retour vers le village. Les dés étaient jetés. Les heurts et disputes plutôt viriles étaient tolérées comme terme à la manifestation, elles sont souvent recensées par la chroniques.
Dans le Sundgau on récitait celle prière «Heiler Sankt Petrus, süech eine hohe Nummer fir mich reüs (Saint Pierre,trouve pour moi un grand numéro). D’ailleurs on ne tirait au sort qu’après avoir trempé sa main gauche dans l’eau bénite. On ne marchait jamais à reculons, ni ne donnait un coup de pied à un chat ou ne grimpait un escalier quatre à quatre (trop militaire sans doute !) On le voit par la richesse des rites, le
moment était marquant. Die Muschterung, «le conseil de révision» ou encore le Conscrit-Dàà 12 (jourdesconscrits)Il était mal vu,voire infamant d’y être réformé jusqu’auxannées 1968 .Car cela
signifiait quelque tare qui empêcha de contracter une union ou d’être suffisamment fort pour être embauché dans un travail. Le seul motif connu était d’être, selon la formule attribuée à un président de la République «être sans dent», édenté donc, non que l’on eu peur qu’il ne puisse rien manger mais qu’il ne puisse déchirer la cartouche de poudre avec ses dents. Il était donc improbable de simuler quelque maladie. Ce dernier disparait des villages en 1960, ils déménageaient vers le chef lieu de canton (et provoquent donc un déplacement aller et retour plutôt bruyant et animé). Ils apportent un peu plus de discrétion à cette opération de sélection ou de tentative de réforme.
Les Conscrits n’en exercent pas moins un rôle d’animation dans le village durant ces 3 années précédents leur départ. Mais principalement la dernière où ils en ont la charge. Lorsque le tirage au sort eu lieu au chef lieu de canton, les conscrits s’y rendent en tenue et défilent avec les rubans.
Dans les années 1970 on voit l’apparition du rôle des conscrites,
Le chapeau «Melissahüet» (chapeau de la milice) :
Le chapeau «Melissahüet» (chapeau de la milice) a des formes variables selon la mode civile et militaire, hauts-de-forme, chapeaux plats à bords larges, tricornes, bérets, ornés de rubans, quelquefois tricolores, la cocarde (avec un grand centre blanc pour y placer le numéro du tirage au sort), un des rubans était destiné à la fiancée, ailleurs ce sont elles qui les préparent. Ou ailleurs les filles remettaient des roses trémières à placer sur ce chapeau. On voit aussi des conscrits qui courent au-dessus des flammes, rites de protection et de fertilité connus en Alsace.
A l’issue de ce tirage au sort, on rentrait avec un Goettelbrief, (jusqu’en 1870) dessiné et où l’on se faisait rajouter par l’artiste le numéro tiré et le nom. Ils sont ornés de drapeaux, du coq (sous la monarchie de juillet), lorsqu’ils avaient tiré un bon numéro, ils étaient ornés de leur métier ou des instruments de travail de son
Les refus de la conscription pour motif religieux :
L’objection de conscience datant des années 1970, le refus qui valait la prison était donc un délit. Si les paysans voyaient d’un sale oeil partir leurs bras vaillants, d’autres le refusaient pour des motifs religieux. Parmi eux, les anabaptistes assez présents dans le nord de l’Alsace. Ils refusèrent pour des raisons religieuses, que leurs fils portent les armes et risquent de tuer. A l’instar des actuels témoins de Jéhovah où ils choisissaient le service civil par objection de conscience. La révolution admet la particularité des anabaptistes, ils devraient prêter serment à la Constitution républicaine, ils obtiennent le droit de ne faire qu’une promesse, bénéficient ainsi de l’exemption du service de milice, mais lorsque la conscription devient obligatoire, ils négocient avec le Comité de Salut Public, pourtant peu tendre, une dispense. Comment ont-ils faits ? On ne le sait, mais ce sont les seuls qui ont obtenu cette dispense de ce régime. Les jeunes étaient affectés à des unités non combattantes. Mais sous le Premier Empire ce fut sans succès, le port des armes leur est imposé, Napoléon ne plaisantant pas avec l’obligation militaire. Elles payèrent donc pour éviter le combat, en se cotisant pour payer des remplaçants, d’autres anabaptistes fuirent en Amérique pour
éviter l’incorporation.C’est l’origine de l’extension de la communauté aux USA avec des coutumes locales d’Alsace ou de Lorraine ou d’Allemagne. Celles qui restèrent finirent par se soumettre à cette loi en 1871 pour les enfants qui restaient ou revenaient en France.
Les objets du conscrit : (chapeau, la canne, le numéro souvenir type "Gpettelobrief"
dans certains villages alsaciens ce sont des bérets, les chapeaux de conscrits sont ornés à profusion de feuilles, de plumes, de fruits, de fleurs, de rubans multicolores (pas forcément des trois couleurs nationales, une multitude de couleurs peut être vue sur les plus anciens qui ont été conservés). des médailles pieuses, les rubans qui flottent ont leur symbolique :
le ruban rouge évoque la vaillance
le vert : l’espérance que tout se déroule bien
le jaune : la fidélité (aux filles, à la famille, à la patrie)
La canne de conscrits, un bâton de cérémonie était orné d’une longue cordelette finissant par deux pompons aux couleurs rouge et bleu mêlé de blanc.
le drapeau étendard de la classe d’âge, brodé de la classe et du nom du village.
la tenue
un sarrau bleu, des pantalons blancs, le chapeau orné tel que décrit
ci-dessus.
la carriole de procession :
décorée avec bouleaux,
sapins, guirlandes, elle parcourt la ville, embarque les filles, ramasse les conscrits «grisés» par le vin.
repères chronologiques :
Quelques Repères : A la fois en France, en Allemagne et pour nos ancêtres alsaciens....
Sous l’Ancien régime : Dès 1688, (1691 selon un autre texte) les milices de la cité ou du canton, les jeunes adultes restent sur place pour défendre la cité.
Seuls les nobles et les volontaires exercent le métier des armes.Elles fonctionnent déjà avec un tirage au sort.
1798 : Loi Jourdan-Delbrel du 5 septembre 1798 crée le service militaire obligatoire et universel avec sa «Garde nationale» et l’idée de «levée en Masse»
Durée de 5 ans entre 20 et 25 ans. Environ 35 % d’appelés. Cette loi exemptait les mariés ou veufs avec enfants.
1818 : (10 mars 1818) Loi Gouvion-Saint- Cyr, permet l’engagement et tirage au sort. Durée du service : six ans après 1818, huit ans après 1824,
sept ans 1855 et 1868
et 5 ans jusqu’en 1889.
entre 1815 et 1818 : fin du système au profit d’une armée d’engagées volontaires.
jusqu’en 1870 : possibilité d’échanger son «mauvais numéro» (signifiant l’obligation de partir)
Juin 1871, s’appliquant en 1872 : Service militaire obligatoire dans l’armée du Kayser, l’Alsace étant redevenue terre d’empire Reichsland Elsass. Il concerne les Alsaciens pour trois ans.
(Depuis 1867 en Allemagne le service est de 7 ans, universel, dès 20 ans, avec 3 ans de service actif ininterrompu et 4 ans de réserve)
Sous le deuxième empire germanique (1871-1918) les jeunes Alsaciens qui avaient poursuivi des études au delà du primaire ont, eux aussi , bénéficié de la possibilité de faire seulement une année de service
Ils devenaient des volontaires pour un an (Einjahre
Freiwillige). Après six semaines de formation en caserne, ces
volontaires devenaient des officiers et prêtaient serment à
l'Empereur. Ils bénéficiaient ensuite d'un régime très souple.
Dispensés de corvées, ils ne logeaient pas à la caserne disposaient d'une ordonnance. Ce régime favorisait
leur intégration dans la société allemande. Ils étaient reçus dans le milieu des officiers. Certains devenaient
et restaient germanophiles. Les liens avec l'armée n'étaient pas rompus au terme de l'année. Ils avaient
l'obligation de se présenter deux fois par an pour un contrôle. Beaucoup se retrouvaient au sein de sociétés
qui avaient pour vocation de propager les idées pangermanistes, les valeurs
militaristes
1918 EnAllemagne, découlant du traité de Versailles, l’armée de métier est limitée à 100 000
hommes.
1935 : Hitler introduit le service militaire obligatoire pour les jeunes de 18 ans pour deux ans dès l’automne 1936.
1942 :
début de l'incorporation alsacienne : 25/08 : Arrêté concernant l’acquisition de la nationalité allemande. Ordonnance sur sur l’introduction du Service militaire obligatoire Voir ensuite les malgré nous (dossier du numéro 180)
(les années 1922 à 1924 (1942) puis en 1943 les classes 1920-1921 en janvier ; 1914-1919 en avril, mai 1925, puis en 1944 ( les classes de 1911 à 1913)
1956 : service obligatoire pour les hommes de 18 ans pour une durée de 18 mois.
Il est ensuite passé à 9 mois et mixte.
En France, à la même époque :
1823 : Campagne d'Espagne
1830 : Conquête de l'Algérie.
1832-1855 : 7 ans puis 5 ans en 1868 pour la moitié des
jeunes gens.
1854 :Guerre en Crimée
1859 : Guerre d'Italie
1872 : Loi Cissey : 5 ans ou 6 mois à 1 an
1889 : fin de la dispense aux enseignants, aux élèves des grandes écoles et aux séminaristes. Mesure anticléricale qui eut un certain succès. Et la loi rétroactive car ceux qui furent
ispensés furent appelés un an sous les drapeaux. (étudiants, enseignants, prêtres, séminaristes, fils aînés des familles nombreuses ou celle dont le père était mort)
1905 : suppression du tirage au sort
1912 : les tirailleurs sénégalais et «indigènes et colonies» : 4 ans de service pour eux.
1913 : Loi des deux à trois ans.
1923 : Il passe de 3 ans à 18 mois.
1928 : Un an de service obligatoire
1935 : Deux ans de service
octobre 1946 : Un an de service.
1950 : 18 mois, mais 30 mois durant les événements en Algérie.
1953 : 16 mois. Introduction de l’objection de conscience.
1955 : le service n’est plus militaire mais national. Création des 3 jours de sélection et de préparation.
1970 : Réduction à Un an.
1997 : suspension du service national. (Pour les garçons nés après 1979)
2015 : service militaire volontaire (SMV, incluant les filles).
en savoir plus quelques livres consultés et consultables :
Sources : - la fin des terroirs, Eugen Weber, 1870-1914. Librairie Arthème, 1981. p 423-437 - Toute l’Alsace, coutumes et costumes alsaciens, Philippe Legin, SAEP Ingersheim.p 33-40 - Arts et traditions populaires, Georges Klein, Alsatia éditions. p.201-206. p. 201-206 pl. 94 et 95. - le folklore français tome 1, Arnold Van Gennep, Robert Laffont, collection Bouquins, 1er édition 1943, édition consultée 1998 - Musée alsacien de Strasbourg, Georges Klein, conservateur honoraire du musée alsacien, éditions des Musées de la Ville de Strasbourg. Non daté.