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Journal d'un village alsacien confiné- 8

(suite)

L’enterrement de Georgel.

Et pas plus de 20 autour de celui qui part lors de l’enterrement, même à ce moment-là, il faut une carte privilège, un « coupe-fil » même la carte d’handicapé ne suffit pas, mais dans quel monde on vit !

  • T’as une place VIP pour l’enterrement de Georgel  m’a demandé Maurice ?

Puis,  t’as la famille qui t’appelle… tu l’as vu quand pour la dernière fois Georgel, tu l’aimais beaucoup ?

  • Pouvez-vous évaluer votre degré de proximité sur une échelle de 1 à 5, elle m’a demandé sa nièce. Elle travaille au centre anti-douleur, cela doit être pour cela.

 

Moi, j’avais peur d’avoir faux au test, j’avais pas révisé la vie de Georgel, sa date d’anniversaire, de baptême et le numéro de son régiment…. j'étais pris au dépourvu. T’imagines, ! Maintenant voilà, je suis un recalé de son enterrement. Déjà j’avais loupé le concours de PTT en 1946 !  C’est un peu la vengeance de Georgel, c’était le seul  de notre promotion qui n’avait pas réussi son certificat d’études, maintenant c’est lui qui fait les sélections.

 

Qui aura le droit de monter les marches vers le cimetière…. Les nominés sont…. Le gagnant sera…. Maurice.

Il  a le droit d’y aller, d’enterrer Georgel, mais même lui n’est plus très chaud, à la réflexion, depuis que Georgel est refroidit du coronavirus.

– «alderle ich seders (mon vieux, je te le dis)….  il avait toujours la malchance, Georgel, il va finir par nous la filer avec sa couronne à virus »

  • Aurait mieux fait de se faire incinérer ! Je lui ai répondu au téléphone.
  • Pas possible, a dit Maurice, il ne peut pas brûler, depuis le temps qu’il prend des anti-inflammatoires contre son arthrose il parait que cela brûlerait pas !
  • Mais là, je sais pas, s’il était sérieux.
  • Ses cendres seront dispersées sur sa terre préférée…. Une vigne d’Edelzicker.

 

Et même nos hôpitaux alsaciens vont prendre leur revanche sur l’occupation, 80 ans après, on a failli leur envoyer Georgel depuis la réanimation de l’hôpital de Strossburi de l’autre côté de la frontière !  Il est mort avant, il voulait pas retourner au front à l’est, il avait déjà donné. Georgel était devenu une vraie arme chimique.

 

Assez déliré, je crois que je  dois reprendre un 6ème anti-dépresseur, c’est-à-dire un Picon Bière, je commence à ressentir les symptômes du manque. Le médecin a dit pas de bêtises en ce moment, les urgences sont surchargées, ils font pas de « bobologie », j’ai pas compris, alors je force un peu sur les cachets.

 

Alors je vous quitte, il faut encore faire avaler la leçon de math, le problème de la maîtresse Mme Volgenmuth-Schmutz, du petit dernier, « le confinement dure 45 jours, combien y a t-il d’heures, de minutes, de secondes de confinement ?? …… et s’il dure 60 jours combien y aura t-il d’heures …. ?  »

 

Très encourageant comme exercice, au fait, elle a pensé au changement d’heure ????

 

En fait après cette histoire, il y a qu’une lettre qui va changer pour les habitants du S’Derfel, on était des confinés, demain on sera des « con-finis ». Et on ne l’a découvert avec ça, on le savait déjà.

Je retourne vite auprès des petits, avant qu’ils ne scalpent Germaine pour trouver où elle a mis les Kander, les œufs de pâques.

 

(fin provisoire, mais le confinement continue !)

 

 

 

 

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