OSSUAIRES D'ALSACE

Les Ossuaires en Alsace,  nous évoquons ici les anciens ossuaires, bien évidemment pas ceux des catastrophes humaines de la première guerre mondiale par exemple. De ces ossuaires anciens il en existe plusieurs, ils intriguent par leur présentation à la quelle s’ajoute le peu d’informations sur les restes des populations qu’ils recueillent.  Pour le Bas-Rhin, prenons tout d’abord celui à demi-ouvert d’Epfig, adossé à la très ancienne chapelle romane sainte-Marguerite (classée depuis 1876) adossé sans doute à un couvent ce qui explique la structure en croix ainsi que le petit cloître qui l’entoure. L’ossuaire a été réaménagé au XIXème siècle, mais il reprend certes des ossements du village disparu de Kollwiller situé entre Epfig et l’actuelle voie rapide, mais aussi de nombreux ossements de la sanglante répression du duc de Lorraine contre les insurgés de la guerre des paysans de 1525. Les études ont prouvé leur ancienneté ainsi que la jeunesse de ces hommes. L’empilement un peu systématique ne pourra pas manquer de vous questionner. Les études pratiquées sur les cimetières modernes justifient le souci de régularité de nos alignements de cimetière par la soif de rationnaliser la mort par des lignes régulières et une certaine rigueur. Y aviez-vous songé ?
 A quelques kilomètres de là, à l’extérieur des remparts de Dambach-la-Ville, la chapelle Saint Sébastien église d’un village disparu, Oberkirch, où l’on affirme sans le prouver qu’il s’agit de corps de la révolte des paysans et notamment d’une grande bataille qui a eu lieu près de Scherwiller, le 20 mai 1525.  Les ossements ne sont pas empilés de manière régulière comme à Epfig, mais y sont déposés en vrac, visibles. L’on trouve gravée dans le grès une formule pleine de sens et qui ne manquera pas d’intriguer ou de perturber certains visiteurs : « Was Ihr seid, sind wir gewesen - Was wir sind, werdet ihr werden »  « Ce que vous êtes nous l’étions, ce que nous sommes, vous le deviendrez ! ».

A Schorbach, dans le pays de Bitche, se trouve un bâtiment, lui aussi roman comme la chapelle d’Epfig, avec 100 m3 d’ossements humains sur une hauteur de 5 mètres.
C’est la plus ancienne paroisse de la région.
Elle fut fondée en 740 par St-Pirmin. Ce sont ici les ossements
des anciens membres de la famille, qui par manque de place sont
déposés ici par leurs descendants. Le lieu a été classé en 1889 et protégé
d’une grille pour éviter d’être vandalisé. On trouvait jadis au plafond
une fresque représentant la mort avec sa faux et son sablier, la fresque
était encore visible au début du XXème siècle.

A Lupstein, dans le cimetière de l’enclos de l’église Saint-Quentin, place de l’Eglise. On estime qu’à cet endroit, 20 000 personnes furent tuées le 16 et 17 mai 1525, et la chapelle du lieu renferme les crânes et ossements des 3000 paysans tués là. (Guerre des paysans de 1525).
Dans le Haut-Rhin, un autre ossuaire est lui moins accessible, dans la chapelle Saint Michel (l’archange protecteur) de Kaysersberg, un bénitier avec un tête de mort à sa base vous accueille. L’accès à la chapelle est plus rare. Les ossements proviennent ici d’un déplacement de l’ancien cimetière. La voûte de cette chapelle est recouverte de motifs de 1514. Que ces ossements de nos lointains ancêtres ne vous empêchent pas de visiter ces très belles chapelles qui les accueillent et leur accordent le repos.
Ils ne manquent pas de susciter la réflexion de l’homme contemporain qui aligne et éloigne les cimetières de ces villes leur préfère une incinération plus économe en m2 à son développement tout en lui évitant de poser les questions essentielles quand au but de son existence.  

1.Dambach-la-Ville,
 ossuaire de la chapelle Saint-Sébastien, Dambach-la-ville ancienne église du village disparu d’Oberkirch
et son ossuaire regroupant les morts de 1525 ou/et d’anciens ossements de cimetière.

2. Ossuaire d'Epfig.

Photos lanterne c/ droits réservés.

Dans la petite lanterne n°194, nous évoquons également ces drôles de stèles, dolmens moyenâgeux que l'on retrouve en Bosnie à la frontière croate, les Stecak "grande chose debout".

"Nécropoles bogomiles, Radmilja et Boljuni ; les nécropoles bogomiles, ils datent du 12 au 15 ème siècle.
Plus de 1.500 stecak (signifiant littéralement : une grande chose debout), ce sont des pierres tombales taillées dans des blocs de calcaire, des pierres monumentales qui sont répertoriés à Stolac. C’est ici qu’on trouve également la nécropole médiévale la plus célèbre du pays, Radmilja, qui compte parmi les plus beaux stecak bogomiles, ces pierres tombales monumentales aux ornements remarquables sont classés par l’unesco.  Sur certaines on peut y voir des croix stylisées, des fleurs, des armes, animaux, des plantes (vignes, raisin ou feuilles de vignes)"  (....)

à lire dans notre numéro 194.

en bas : ossuaire de la chapelle Saint-Sébastien,Dambach-la-ville ancienne église du village disparu d’Oberkirch et son ossuaire regroupant les morts de 1525 ou/et d’anciens ossements de cimetière. Puis photos d'ossuaire d'Epfig et du très beau cloître.

photos de Stecak "grande chose debout", dolmens du 12-15ème siècle. On remarquera la main du chevalier, guerrier, ou chasseur saluant ou repoussant celui qui s'approche des tombes.