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lundi, mardi, mercredi avant l'Ascension, jours de rogation (2013)

Ces jours (lundi, mardi, mercredi) avant l'Ascension sont traditionnellement les jours de rogation.

A quoi servent-ils ?

D'où provient cette tradition ?

Quelles prières sont récitées et quels rites respectés et dans quel but ?

 

Nous avons rajouté dans cette mise à jour de cet article, un texte de Dom Guéranger, ainsi que les prières des rogations telles que l'Eglise invite à les réciter en ce temps de pre-Ascension.  Une manière si nos prêtres ne les célébrent (presque) plus, que les fidèles puissent invoquer la protection du Créateur sur sa création.

 

 

rogations-copie-1

 

 

 

"Et Dieu regarda avec  plaisir les offrandes" Ou des solutions pour un monde qui tourne rond.


 

 

Bénir le “travail des hommes”, les “fruits de la vigne” et des champs. Cette rogation qui se déroule durant les jours qui précèdent la fête de l’Ascension et les saints de glace (Issheilige, de l’ancien calendrier chrétiens qui étaient Pancratius, Servatius, Bonifatius, et la seule restée gravée dans les mémoires die Kalte Sophie !) , on  peut y voir l’attention vers la subsistance répondant à la double requête “donne-nous le pain de ce jour” et “que ta volonté soit faite”. Empruntent-elles à un passé païen ? Lorsqu’on voit se déchaîner les forces  naturelles on comprend

 


Du latin “rogation” action de demander, de supplier, de prier avec insistance...


Demandez et vous obtiendrez Du latin "rogatio" : action de demander, supplication, prière.
L'origine des Rogations remonte au Ve siècle : en un temps tragique, saint Mamert, évêque de Vienne, institua un jeûne et des processions chantées pendant les trois journées qui précèdent l'Ascension.  Cette tradition s’est étendue à toute la chrétienté au VIII ème siècle par le pape Leo III (v.750/ 795-816). Le péril passé, la coutume  avait persisté et s’était  répandu dans d'autres diocèses , jusqu’à Rome.


On les distingue d’autres rogations par l’appellation “litanie majores” les grandes d’autres “minores”,  précise Manfred Becker-Huberti dans son dictionnaire des traditions. (p39)” les petites litanies”.  Au cours de ces processions, on demandait principalement à Dieu de bénir et de faire fructifier les travaux des champs, en vue des récoltes à venir. L’on confond également cette fête avec la fête Dieu où des autels et stations sont préparées dans les rues et les places. (le rite se pratique toujours à Stotzheim lors de la fête Dieu à Geispolsheim également) .  Dans le Gers, j’ai retrouvé cette confusion et cette nostalgie “La tradition s'est quelque peu perdue dans le début des années soixante, mais les anciens se souviennent avec nostalgie de ces moments de partage et de convivialité. Il ne reste plus aujourd'hui que les croix comme témoin et le dicton que l'on avait coutume de rappeler chaque année : « Si plau sur la baniera, plau sur la gerbera » (s'il pleut sur les Rogations, il pleut sur les moissons).” Car les rogations visent elles les champs et les terres, les autels préparés semblent être plus proches de la fête-Dieu et de la réception devant sa porte du Saint-Sacrement.

 

En Allemand : Bitttage  (jours de supplication, avec 3 t )  avec cette autre appelation : “Vocem jucunditatis”  ou “Rogate”.
"Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour" enseigne Jésus dans le "Notre Père". Comment n'approuverait-il point ces prières qui témoignent du souci des êtres humains pour ce que le monde appelle la nature, et que le croyant appelle la création ?
Source de vie, de survie, le fait est compréhensible que les nourritures aient un statut particulier dans les traditions humaines.


Il s’agit aussi d’agir sur les éléments, interrogé par radio vatican (1/05/2008), le père Pierre Afonso, de la paroisse de l’Île Bouchard en Touraine, a renoué avec la tradition dans les campagnes alentour.  Il demande la  bénédiction du Très-Haut est appelée avec ferveur sur les éléments, l’épisode de l'Évangile où Jésus commande avec succès au vent et à la mer déchaînés n’est pas oublié. Il est demandé au Ciel le juste équilibre entre la pluie bienfaisante et la chaleur du soleil. La crise alimentaire mondiale, outre le fait qu’elle rappelle à l’être humain qu’il ne vit pas isolé du cosmos et de la terre nourricière, risque bien de remettre à l’ordre du jour l’antique liturgie des Rogations. (illustration : gravure du XIXème siècle).

Elles sont récitées  dans de nombreux monastères et couvents, citons celui de Gueberschwihr  (68)  par exemple, pour l’Alsace, le journal “le bien public” présente le cas de  Montot , où depuis l’an 2000 par un jeune prêtre du secteur paroissial en fait de même, sortant la pratique des monastères.

Ces trois jours de rogations donnaient un indice au XVI et au XVII siècle sur le succès et les quantités des récoltes futures. Le premier jour devait jadis indiquer l’été des légumes, les fruits , les vendanges, le deuxième : les moissons,
le troisième : les fourrages. On peut bien évidemment y voir quelques proximité s avec les rites de divination du cycle de l’Avent et des douze jours en Alsace.   
D’un point de vue littéraire et historique, Cervantès dans Don Quichote raconte : “Dans toute la contrée, il y avait des processions, des rogations, des flagellations, pour demander à Dieu d'ouvrir les mains de sa miséricorde et d'en laisser tomber la pluie.”  Cervantès, Don Quichotte, trad. Aline Schulman, Seuil, 1997, vol. 1, p. 510
Bibliquement on peut aussi faire référence au IIème livre des Rois : “ David s'en alla, accompagné de tout son peuple pour amener l'arche du Seigneur.” (II Liv. des Rois, VI, 2).

 

 


Les rogations c’est quoi ? 
les rogations c’est quoi ?
* Une procession religieuse, * une bénédiction,
* une litanie et donc des prières, afin d’appeler le regard bienveillant de Dieu sur le travail des hommes.
L’homme contemporain sourit de tant de naïveté, mais ne multiplie ses regards sur les prévisions météorologiques, s’inquiète du dérèglement climatique, de la fonte des glaciers, mais ne veut surtout pas y mêler Dieu, s’imaginant qu’une réunion à un sommet  G puissance  20 ou quelque “Grenelle” du climat bien plus efficace qu’une prière au Ciel....
Excluant Dieu de toute protection, Dieu ne se désintéresse heureusement pas de sa Création. Pardon du résultat du Big-Bang et de l’évolution....

 


Quelles prières ? 


Elles peuvent être récitées en latin, on y trouve l’Exsurge Domine, “levez-vous Seigneur, secourez-nous et délivrez-nous à cause de votre nom” (Ps 43,26, 2)
le Kyrie eléison, suivies des litanies, appelant, après la Trinité,  la  communion des saints, comme lors d’un baptême,.
On récite une invocation “montrez-vous favorable, épargnez-nous, Seigneur ! Montez-vous favorable, exaucez-nous, Seigneur de tout délivrez-nous ! “
Suit une autre invocation pour les prières des Quarante heures : des dangers imminents “ab imminéntibus periculis
La prière se poursuit par “peccatores, te rogamus, audi nos” “pécheurs, nous vous prions, écoutez-nous”.
D’autres rogations récitent  les psaumes 119 à 133 chantés jadis par les Juifs lors de leur montée en pèlerinage vers Jérusalem.
On peut aussi chanter des psaumes de pénitence, miserére mei, Déus, lorsqu’une procession visite une église on y récitait l’Antienne, le Verset et l’Oraison du Saint, patron de l’église, en sortant on reprenait les litanies ou les psaumes là où elles avaient été interrompues.
Quand la procession s’achève dans l’église de la fin du parcours ou à l’église de départ on achevait  par  un verset évoquant l’agneau de Dieu.
Agneau de Dieu qui enlevez les péchés du monde.... Christ, écoutez-nous, Christ exaucez-nous., Seigneur ayez pitié, Christ ayez pitié, Seigneur ayez-pitié ! .
Afin de se préparer dignement à la fête de l’Ascension, les fidèles jeûnaient également, c’est bien un rite remis à la mode par Medjugorje (on y parle aussi de jeûne de TV de bla-bla, de diverses pratiques parasites) :, Notre-Dame des neige, ne dit pas autre chose sur son site  : “ Les fidèles catholiques observeront pendant les Rogations (c'est-à-dire le lundi, le mardi et le mercredi de cette semaine) un jeûne afin de se préparer à la célébration de la Solennité de l'Ascension. Avant le Saint-Sacrifice de la Messe, les prêtres béniront, en chantant notamment les Litanies des Saints, les champs et les cultures.”
Nous terminerons par une des prières récitées en ces jours-là : 
Dieu Tout-Puissant, qui avez béni la terre en la rendant fertile et productive de tout ce qui est nécessaire à la vie humaine, 
et qui avez commandé de travailler paisiblement et de manger notre propre pain, bénissez les travaux du laboureur, et accordez nous un temps favorable pour que nous puissions recueillir les fruits de la terre, et ainsi nous réjouir de Votre Bonté, à la louange de Votre Saint Nom.Par Jésus-Christ Notre Seigneur. Ainsi soit-il ". (documentation liturgique du couvent Gueberschwihr, partie germanique “Lexikon der Bräuche und Feste,”  Manfred Becker- Huberti, Verlag Herder, gravure : archives personnelles).

 


Le Curé d’Ars ... dans un de ses Sermons signale les objectifs  des rogations,  “Quatre-Temps dans le printemps, parce que c'est dans ce moment que le retour du soleil commence à ranimer la nature, et à ouvrir la terre pour la production des fruits. L'Église nous avertit de demander à Dieu qu'il veuille bien donner la fécondité à la terre par ses bénédictions. Dans l'été, comme la récolte est exposée à mille accidents fâcheux, l'intention de l'Église est que nous priions le bon Dieu de les conserver et de nous accorder, par miséricorde, ce qui nous est nécessaire à la vie pendant l'année. Je dis, M.F., par miséricorde : c'est parce que, étant pécheurs comme nous le sommes, nous n'avons aucun droit aux biens même nécessaires à la vie. D'après cela, nous devons donc humblement demander au bon Dieu la nourriture, le vêtement, comme une aumône qu'il peut nous refuser sans injustice, et les recevoir avec beaucoup de reconnaissance, comme un bienfait tout gratuit qu'il répand sur nous par sa pure bonté. C'est pour cela qu'en automne, où l'on est occupé à la récolte, et en hiver, lorsqu'elle est achevée, l'Église veut que nous offrions à Dieu nos jeûnes et nos aumônes comme un sacrifice d'actions de grâces, pour tous les biens qu'il nous a accordés pendant l'année.”

 

 

 

 

Le temps des Rogations
Dom Guéranger, l’Année Liturgique - (Extrait de introibo)

 

 

 

Aujourd’hui commence une série de trois jours consacrés à la pénitence. Cet incident inattendu paraît au premier abord
une sorte d’anomalie dans le Temps pascal ; et néanmoins, quand on y réfléchit, on arrive à reconnaître que cette institution
n’est pas sans une relation intime avec les jours auxquels elle se rapporte. Il est vrai que le Sauveur disait avant sa Passion
que « durant le séjour de l’Époux au milieu de nous, il ne serait pas temps de jeûner [11] » ; mais ces dernières heures qui
précèdent son départ pour le ciel n’ont-elles pas quelque chose de mélancolique ? et n’étions-nous pas portés tout naturellement
hier à penser à la tristesse résignée et contenue qui oppresse le coeur de la divine Mère et celui des disciples, à la
veille de perdre celui dont la présence était pour eux l’avant-goût des joies célestes ?
Il nous faut maintenant raconter comment et à quelle occasion le Cycle liturgique s’est complété, dans cette saison, par
l’introduction de ces trois jours durant lesquels la sainte Église, toute radieuse qu’elle était des splendeurs de la Résurrection,
semble vouloir tout à coup rétrograder jusqu’au deuil quadragésimal. L’Esprit-Saint, qui la dirige en toutes choses, a voulu
qu’une simple Église des Gaules, un peu après le milieu du Ve siècle, vît commencer dans son sein ce rite imposant qui
s’étendit rapidement à toute la catholicité, dont il fut reçu comme un complément de la liturgie pascale.
L’Église de Vienne, l’une des plus illustres et des plus anciennes de la Gaule méridionale, avait alors saint Mamert pour
évêque. Des calamités de tout genre étaient venues désoler cette province récemment conquise par les Burgondes. Des
tremblements de terre, des incendies, des phénomènes effrayants agitaient les populations, comme autant de signes de la
colère divine. Le saint évêque, désirant relever le courage de son peuple, en le portant à s’adresser à Dieu dont la justice
avait besoin d’être apaisée, prescrivit trois jours d’expiation durant lesquels les fidèles se livreraient aux oeuvres de la pénitence,
et marcheraient en procession en chantant des psaumes. Les trois jours qui précèdent l’Ascension furent choisis pour
l’accomplissement de cette pieuse résolution. Sans s’en douter, le saint évêque de Vienne jetait ainsi les fondements d’une
institution que l’Église entière allait adopter.
Les Gaules commencèrent, comme il était juste. Saint Alcime Avit, qui succéda presque immédiatement à saint Mamert
sur le siège de Vienne, atteste que la pratique des Rogations était déjà consolidée dans cette Église [12]. Saint Césaire
d’Arles, au commencement du VIe siècle, en parle comme d’une coutume sacrée déjà répandue au loin, désignant au moins
par ces paroles toute la portion des Gaules qui se trouvait alors sous le joug des Visigoths [13]. On voit clairement que la
Gaule tout entière ne tarda pas d’adopter ce pieux usage, en lisant les canons portés à ce sujet dans le premier concile d’Orléans
tenu en 511, et réuni de toutes les provinces qui reconnaissaient l’autorité de Clovis. Les règlements du concile au
sujet des Rogations donnent une haute idée de l’importance que l’on attachait déjà à cette institution. Non seulement l’abstinence
de chair est prescrite pendant les trois jours, mais le jeûne est de précepte. On ordonne également de dispenser de
leur travail les gens de service, afin qu’ils puissent prendre part aux longues fonctions par lesquelles ces trois jours étaient
pour ainsi dire remplis [14]. En 567, le concile de Tours sanctionnait pareillement l’obligation du jeûne dans les Rogations
[15] ; et quant à l’obligation de férier durant ces trois jours, on la trouve reconnue encore dans les Capitulaires de Charlemagne
et de Charles le Chauve.
Le principal rite des Églises des Gaules durant ces trois jours consista, dès l’origine, dans ces marches solennelles accompagnées
de cantiques de supplication, et que l’on a appelées Processions, parce que l’on se rend d’un lieu dans un
autre. Saint Césaire d’Arles nous apprend que celles qui avaient lieu dans les Rogations duraient six heures entières ; en
sorte que le clergé se sentant fatigué par la longueur des chants, les femmes chantaient en choeur à leur tour, afin de laisser
aux ministres de l’Église le temps de respirer [16]. Ce détail emprunté aux moeurs des Églises des Gaules à cette époque
primitive, peut nous aider à apprécier l’indiscrétion de ceux qui, en nos temps modernes, ont poussé à l’abolition de certaines
processions qui prenaient une partie notable de la journée, et cela dans l’idée que cette longueur devait être en elle-même
considérée comme un abus.
Le départ de la Procession des Rogations était précédé de l’imposition des cendres sur la tête de ceux qui allaient y
prendre part, et c’était le peuple tout entier. L’aspersion de l’eau bénite avait lieu ensuite ; après quoi le pieux cortège se
mettait en marche. La Procession était formée du clergé et du peuple de plusieurs églises d’un rang secondaire, qui marchaient
sous la croix d’une église principale dont le clergé présidait la fonction. Tout le monde, clercs et laïques, marchait nupieds.
On chantait la Litanie, des Psaumes, des Antiennes, et l’on se rendait à quelque basilique désignée pour la Station,
où l’on célébrait le saint Sacrifice. Sur la route on visitait les églises qui se rencontraient, et l’on y chantait une Antienne à la
louange du mystère ou du saint, sous le titre duquel elles avaient été consacrées.
Tels étaient à l’origine, et tels ont été longtemps les rites observés dans les Rogations. Le Moine de Saint-Gall, qui nous
a laissé de si précieux mémoires sur Charlemagne, nous apprend que le grand empereur, en ces jours, quittait sa chaussure
comme les plus simples fidèles, et marchait nu-pieds à la suite de la croix, depuis son palais jusqu’à l’église de la Station
[17]. Au XIIIe siècle, sainte Élisabeth de Hongrie donnait encore le même exemple ; son bonheur était, durant les Rogations,
de se confondre avec les plus pauvres femmes du peuple, marchant aussi nu-pieds, et couverte d’un grossier vêtement de
laine [18]. Saint Charles Borromée, qui renouvela dans son Église de Milan tant d’usages précieux de l’antiquité, n’eut garde
de négliger les Rogations. Par ses soins et par ses exemples, il ranima dans son peuple l’ancien zèle pour une pratique si
sainte. Il exigea de ses diocésains le jeûne pendant ces trois jours, et il l’accomplissait lui-même au pain et à l’eau. La Procession,
à laquelle tout le clergé de la ville était tenu d’assister, et qui commençait par l’imposition des cendres, partait du
Dôme au point du jour, et ne rentrait qu’à trois ou quatre heures après midi, ayant visité le lundi treize églises, neuf le mardi,
et onze le mercredi. Le saint Archevêque célébrait le saint Sacrifice dans une de ces églises, et adressait la parole à son
peuple [19].
Si l’on compare le zèle de nos pères pour la sanctification de ces trois journées avec l’insouciance qui accompagne aujourd’hui,
surtout dans les villes, la célébration des Rogations, on ne saurait manquer de reconnaître ici encore une des
marques de l’affaiblissement du sens chrétien dans la société actuelle. Combien cependant sont importantes les fins que se
propose la sainte Église dans ces Processions auxquelles devraient prendre part tant de fidèles qui ont des loisirs pieux, et
qui, au lieu de les consacrer à servir Dieu par les oeuvres de la vraie piété catholique, les consument dans des exercices
privés qui ne sauraient ni attirer sur eux les mêmes grâces, ni apporter à la communauté chrétienne les mêmes secours
d’édification !
Les Rogations s’étendirent rapidement des Gaules dans toute l’Église d’Occident. Elles étaient déjà établies en Espagne
au VIIe siècle, et elles ne tardèrent pas à s’introduire en Angleterre, et plus tard dans les nouvelles Églises de la Germanie,
à mesure qu’elles étaient fondées. Rome elle-même les adopta à la fin du VIIIe siècle, sous le pontificat de saint Léon III.
C’était peu de temps après que les Églises des Gaules ayant renoncé à la liturgie gallicane pour prendre celle de Rome,
eurent à admettre dans leurs usages la Procession de saint Marc. Mais il y eut cette différence qu’à Rome on conserva à la
Procession du 25 avril le nom de Litanie majeure, et l’on appela Litanies mineures celles des Rogations, tandis qu’en France
on désigna ces dernières par l’appellation de Litanies majeures, en réservant le nom de mineure pour la Litanie de saint
Marc. Mais l’Église romaine, sans blâmer la dévotion des Églises des Gaules qui avaient cru devoir introduire dans le Temps
pascal trois journées d’observance quadragésimale, n’adopta pas cette rigueur. Il lui répugnait d’attrister par le jeûne la
joyeuse quarantaine que Jésus ressuscité accorde encore à ses disciples ; elle s’est donc bornée à prescrire l’abstinence de
la viande durant ces trois jours. L’Église de Milan qui garde si sévèrement, ainsi que nous l’avons vu, l’institution des Rogations,
l’a placée au lundi, mardi et mercredi qui suivent le dimanche dans l’Octave de l’Ascension, c’est-à-dire au delà des
quarante jours consacrés à célébrer la Résurrection.
Il faut donc, pour être dans cette véritable mesure dont l’Église romaine ne se départ jamais, envisager les Rogations
comme une institution sainte qui vient tempérer nos joies pascales et non les anéantir. La couleur violette employée à la Procession
et à la Messe de la Station n’a pas pour but de nous indiquer encore la fuite de l’Époux [20] ; mais elle nous avertit
que son départ est proche ; et l’abstinence qui nous est imposée, bien qu’elle ne soit pas accompagnée du jeûne, est déjà
comme un témoignage anticipé de nos regrets pour cette chère présence de notre Rédempteur qui va nous être sitôt ravi.
En écrivant ces lignes destinées à expliquer aux fidèles les motifs d’une institution que l’Église a sanctionnée par ses
ordonnances, il nous vient en mémoire que, dans ces dernières années, l’abaissement des moeurs chrétiennes est venu à
tel point parmi nous, que plusieurs Évêques ont cru devoir solliciter du Siège apostolique la remise de l’abstinence en ces
trois jours, après tant de siècles, et dans cette même France qui, par son exemple, avait imposé à toute la chrétienté la solennité
des Rogations. C’est donc une expiation de moins, une intercession de moins, un secours de moins, en un siècle
déjà si appauvri des moyens par lesquels la vie chrétienne se conserve, par lesquels le ciel est fléchi, les grâces de salut obtenues.
Puissent les vrais fidèles en conclure que l’assistance aux Processions de ces trois jours est devenue plus opportune
que jamais, et qu’il est urgent de compenser, en s’unissant à la prière liturgique, l’abolition d’une loi salutaire qui datait de si
loin, et qui, dans ses exigences, pesait si légèrement sur notre mollesse !
Selon la discipline actuelle de l’Église, les Processions des Rogations, dont l’intention est d’implorer la miséricorde de
Dieu offensé par les péchés des hommes, et d’obtenir la protection céleste sur les biens de la terre, sont accompagnées du
chant des Litanies des Saints, et complétées par une Messe spéciale qui se célèbre soit dans l’église de la Station, soit dans
l’église même d’où la Procession est partie, si elle ne doit pas s’arrêter dans quelque sanctuaire
On ne saurait trop estimer les Litanies des Saints, à cause de leur puissance et de leur efficacité. L’Église y a recours
dans toutes les grandes occasions, comme à un moyen de se rendre Dieu propice, en faisant un appel à la cour céleste tout
entière. Si l’on ne pouvait prendre part aux Processions des Rogations, que l’on récite du moins ces Litanies en union avec
la sainte Église : on aura part aux avantages d’une si sainte institution, et on contribuera à obtenir les grâces que la chrétienté
sollicite de toutes parts en ces trois jours ; enfin on aura fait acte de catholique.
Nous insérons ici la Messe des Rogations, qui est la même pour les trois jours. Tout y parle de la nécessité et de la puissance
de la prière. La sainte Église y revêt la couleur quadragésimale pour exprimer ses intentions expiatrices ; mais tout en
elle respire la confiance et l’espoir d’être exaucée ; on sent qu’elle s’appuie sur l’amour de son Époux ressuscité.
Dom Guéranger

 

 

 

Le texte des litanies des rogations :

Litanie des saints - A prier chaque jour pendant le temps des Rogations
Seigneur ayez pitié.
Christ ayez pitié.
Seigneur ayez pitié.
Dieu le Père, du haut des cieux, ayez pitié de nous.
Dieu le Fils, Rédempteur du monde, ayez pitié de nous.
Dieu le Saint-Esprit, ayez pitié de nous.
Trinité sainte, un seul Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Mère de Dieu, priez pour nous.
Sainte Vierge des Vierges, priez pour nous.
Saint Michel, priez pour nous.
Saint Gabriel, priez pour nous.
Saint Raphaël, priez pour nous.
Tous les saints Anges et Archanges, priez pour nous.
Tous les saints ordres des Esprits bienheureux, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste, priez pour nous.
Saint Joseph, priez pour nous.
Tous les saints Patriarches et Prophètes, priez pour nous.
Saint Pierre, priez pour nous.
Saint Paul, priez pour nous.
Saint André, priez pour nous.
Saint Jacques, priez pour nous.
Saint Jean, priez pour nous.
Saint Thomas, priez pour nous.
Saint Jacques, priez pour nous.
Saint Philippe, priez pour nous.
Saint Barthélémy, priez pour nous.
Saint Mathieu, priez pour nous.
Saint Simon, priez pour nous.
Saint Thaddée, priez pour nous.
Saint Matthias, priez pour nous.
Saint Barnabé, priez pour nous.
Saint Luc, priez pour nous.
Saint Marc, priez pour nous.
Tous les saints Apôtres et Évangélistes, priez pour nous.
Tous les saints Disciples du Seigneur, priez pour nous.
Tous les saints Innocents, priez pour nous.
Saint Etienne, priez pour nous.
Saint Laurent, priez pour nous.
Saint Vincent, priez pour nous.
Saint Fabien et saint Sébastien, priez pour nous.
Saint Jean et saint Paul, priez pour nous.
Saint Côme et saint Damien, priez pour nous.
Saint Gervais et saint Protais, priez pour nous.
Tous les saints Martyrs, priez pour nous.
Saint Sylvestre, priez pour nous.
Saint Grégoire, priez pour nous.
Saint Ambroise, priez pour nous.
Saint Augustin, priez pour nous.
Saint Jérôme, priez pour nous.
Saint Martin, priez pour nous.
Saint Nicolas, priez pour nous.
Tous les saints Pontifes et Confesseurs, priez pour nous.
Tous les saints Docteurs, priez pour nous.
Saint Antoine, priez pour nous.
Saint Benoît, priez pour nous.
Saint Bernard, priez pour nous.
Saint Dominique, priez pour nous.
Saint François, priez pour nous.
Tous les saints Prêtres et Lévites, priez pour nous.
Sainte Marie-Madeleine, priez pour nous.
Sainte Agathe, priez pour nous.
Sainte Lucie, priez pour nous.
Sainte Agnès, priez pour nous.
Sainte Cécile, priez pour nous.
Sainte Catherine, priez pour nous.
Sainte Anastasie, priez pour nous.
Toutes les saintes Vierges et Veuves, priez pour nous.
Tous les Saints et Saintes de Dieu, intercédez pour nous.
Soyez-nous propice, pardonnez-nous, Seigneur.
Soyez-nous propice, exaucez-nous, Seigneur.
De tout mal, délivrez-nous, Seigneur.
De tout péché, délivrez-nous, Seigneur.
De votre colère, délivrez-nous, Seigneur.
D'une mort subite et imprévue, délivrez-nous, Seigneur.
Des embûches du démon, délivrez-nous, Seigneur.
De la colère, de la haine, et de toute mauvaise volonté, délivrez-nous, Seigneur.
De l'esprit de fornication, délivrez-nous, Seigneur.
De la foudre et de la tempête, délivrez-nous, Seigneur.
Du fléau des tremblements de terre, délivrez-nous, Seigneur.
De la peste, de la famine et de la guerre, délivrez-nous, Seigneur.
De la mort éternelle, délivrez-nous, Seigneur.
Par le mystère de votre sainte incarnation, délivrez-nous, Seigneur.
Par votre avènement, délivrez-nous, Seigneur.
Par votre nativité, délivrez-nous, Seigneur.
Par votre baptême et votre saint jeûne, délivrez-nous, Seigneur.
Par votre croix et votre passion, délivrez-nous, Seigneur.
Par votre mort et votre sépulture, délivrez-nous, Seigneur.
Par votre sainte résurrection, délivrez-nous, Seigneur.
Par votre admirable ascension, délivrez-nous, Seigneur.
Par la venue du Saint-Esprit Consolateur, délivrez-nous, Seigneur.
Tous les saints Moines et Ermites, priez pour nous.
A u jour du jugement, délivrez-nous, Seigneur.
Pécheurs que nous sommes, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Daignez nous pardonner, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Daignez nous faire grâce, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Daignez nous conduire à une véritable pénitence, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Daignez gouverner et conserver votre Église sainte, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Daignez maintenir dans votre sainte religion le Souverain Pontife et tous les ordres de la hiérarchie ecclésiastique,
nous vous en supplions, écoutez-nous.
Daignez abaisser les ennemis de la sainte Église, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Daignez établir une paix et une concorde véritables entre les rois et les princes chrétiens, nous vous en supplions,
écoutez-nous.
Daignez accorder à tout le peuple chrétien la paix et l'unité, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Daignez élever notre esprit et les désirs de notre coeur vers les biens célestes, nous vous en supplions, écouteznous.
Daignez récompenser tous nos bienfaiteurs en leur donnant le bonheur éternel, nous vous en supplions, écouteznous.
Daignez délivrer de la damnation éternelle, nos âmes, et celles de nos frères, de nos parents et de nos bienfaiteurs,
nous vous en supplions, écoutez-nous.
Daignez nous donner les fruits de la terre et les conserver, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Daignez accorder à tous les fidèles défunts le repos éternel, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Daignez exaucer nos voeux, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Fils de Dieu, nous vous en supplions, écoutez-nous. Daignez rappeler à l'unité de l'Église tous ceux qui sont dans l'erreur
et conduire à la lumière de l'Évangile tous les infidèles, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Daignez nous conserver et nous fortifier dans votre saint service, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, ayez pitié de nous.
Christ, écoutez-nous.
Christ, exaucez-nous.
Seigneur ayez pitié.
Christ ayez pitié.
Seigneur ayez pitié.
Notre Père

 

 

religion

 

 


Cet article est paru dans la petite lanterne en juin 2009. /c tous droits réservés pour la partie qui la concerne. 

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I think this whole thing is about the Latin derogation of the word meaning to beg to ask and to pray. They say we are selected when we start to see the light. All we need is great focus.