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Crèche de noël, où les voir ? (m à j 2013)

 

Crèches à voir :

Nous prenons un peu d'avance sur le calendrier, après le calendrier de l'avent, la couronne et d'autres éléments (dossier traditions de Noël, voyez les "articles publiés, liens à gauche), une de nos études sur le thème de la crèche, ses origines, ses différentes versions selon les cultures. Je suis certain que vous ne savez pas tout sur la crèche.

D'ailleurs il n'est jamais mauvais de s'y replonger et découvrir des messages cachés derrière la crèche elle-même.

Les animaux de la crèche et les autres personnages feront l'objet d'autres articles sur le blog.


Pour les plus pressés : il suffit de lire ceci :

Au sens strict : représentation de la naissance de Jésus avec ses parents.

 


Pour les autres,

 

La première date de 1223/1224 selon les auteurs et on l’attribue à Saint François d’Assise dans la grotte de Greccio. (voir le mot grotte). Les crèches couvrent la période du déplacement de Marie et Joseph, la Nativité, l’Adoration des mages, l’Epiphanie, mais aussi la fuite en Egypte, des scènes de Jésus Enfant, les Noces de Cana  jusqu’à la Crucifixion. Ces crèches complètes existent encore dans certaines églises baroques ou tyroliennes. 
On le verra de nombreuses représentations de la naissance existent pourtant avant ces premières crèches.

Opposition aux crèches : La crèche combattue :
Non par soucis de laïcité, pas encore ce qui a été fatal au Saint Nicolas dans la France républicaine, mais le caractère papiste de la crèche fut dénoncé au moment de la réforme par Conrad Dannhauser, au XVII ème siècle, qui y voit “un papisme aveugle, il y a beaucoup de superstitions lors de la fête de Noël. Les gens faisant partie des ordres (religieux), se donnent beaucoup de peine et mettent beaucoup de zèle à confectionner de belles crèches avec de l’or et de l’argent, de la soie, des perles et des pierres précieuses, ils les déposent dans les églises, y couchent un enfant Jésus, déposent Marie et Joseph, bœuf et âne à côté, les gens les contemplent et les admirent tels des badauds, ils (ne) se préoccupent (que) de la coquille et n’apprécient pas le noyau.”

 

 

(crèche en boi sculpté figurant sur le marché de noël de Freiburg / Bade-Wurtenberg, en taille réelle)

 


 

Crèche
Lorsque noël s’offre une maison

Représentée dans les églises et l’artisanat populaire, présent dans -presque toutes les maisons chrétiennes en France- dans toutes les demeures chrétiennes du monde, elles semblent faire partie intégrante et indéboulonnable de la fête de Noël.
Tous les chrétiens n’adoptent pas la crèche, les témoins de Jéhovah et certaines branches (adventistes) refusent les anniversaires et expliquent que  par la date (choisie pour la célébration de Noël, l’anniversaire de la naissance de Jésus) on se rapproche du paganisme. (voir noël et la date.) On refusant une fête généralement admise cela crée de nombreux troubles dans les familles (les non-témoins, le « monde ») et dans leur environnement (école, amis, quartiers). (voir le livre de Dany Bouchard, « dans l’enfer des témoins de Jéhovah » éditions du Rocher, 2001, le premier chapitre est consacré aux fêtes, à cinq ou six ans, c’est son « dernier noël » embrigadé par le mouvement auquel appartient toute sa famille).

Remontant dans la nuit des temps, il nous semble que jamais l’on n’a fêté Noël sans crèche et sans sapin.  Cette impression est pourtant fausse. Les anciennes représentations familiales de noël alsaciens rassemblées ou croisées pour préparer ce livre montrent assez rarement des crèches. Les ouvrages sur ce sujet ne sont pas légion, et on a quelques mal à aller au delà des répétitions, même G.Leser souvent éloquent sur l’Alsace et ses rites n’y consacre guère que 6 pages sur 245 dont plusieurs d’illustrations !   La raison est simple, la crèche en Alsace a longtemps été un élément réservé à l’église. Voici donc pour votre plaisir, une visite guidée et approfondie  en terre de Bethléem à la source de la crèche, et sous le sapin alsacien. 1


REPRÉSENTATIONS POPULAIRES ALSACIENNES
PRÉCÉDANT LA CRÈCHE

L’art populaire Alsacien fait une juste place à la crèche, peut-être un peu faiblarde tantôt par rapport aux vraies richesses crées et exposées en Autriche ou en Bavière.
On la retrouve sur les carreaux des poêles en faïence, sur les plaques de fonte de Zinswiller, sur les moules à gâteaux en bois (spécifiquement rhénans).
La plus ancienne sculpture de la nativité alsacienne qui nous soit parvenue, se trouve sur l’église de Baltzenheim (date du XI ième siècle). Le plus ancien dessin date de l’Hortus Deliciarum (encyclopédie de l’abbesse du Mont-Ste-Odile Herrade de Landsberg).
Mais l’on peut trouver parmi les plus anciens documents le retable des Dominicains de Martin Schongauer et le retable d’Issenheim de Mathias dit Grünewald,  Ces représentations seraient, selon Alfred MATT symboliques du  Christ, exprimant une croyance nouvelle. Né entre le bœuf (symbole des sacrifices païens) et l’âne le monde juif. (voir ces mots bœuf/âne) Tandis que les trois bergers et les trois rois figurent outre le symbole trinitaire, les 3 âges de la vie. Mais depuis il y a le 4ème et le 5ème âge, il va donc falloir rajouter des santons. (Les 3 rois provenaient aussi des trois seuls continents connus à l’époque).
(les icônes représentent à la manière orientale toutes les scènes des évangiles de l'enfance, l'annonce aux bergers, les anges, les rois mages...)



Ailleurs
On trouve à Rome, sur les reliefs de “sarcophages -datant de 343 selon le folkloriste Van Gennep- , des scènes de la Nativité sculptées (IV ième siècle), mais aussi sur des “ustensiles liturgiques”  (selon Krippe, chez Taschen) on y voit des représentations de “l’Enfant reposant sur sa couche avec sa mère Marie et les Rois mages en Adoration” 3 
Selon Origène, on trouve une crèche vers 250. St Jérôme en évoque une autre  première demeure de Jésus faite d’argent en 350 qui remplace une crèche d’argile.
Au 5ème   la future église Sainte-Marie Majeure abrite une crèche inspirée de celle de Bethléem. “, selon Alain de Benoist “Fêter Noël”.
Il semblerait que ce soit la première du genre lui valant le nom de Basilica liberiana, et le pape Sixte lui attribuera le nom explicite de S. Maria ad praesepe (Sainte-Marie-à- la-crèche).
Et au 7 ième siècle, se serait la première représentation de la grotte de la Nativité -en Occident- à Rome, à Santa Maria Maggiore où l’on révérait “un fragment de la grotte de la nativité” et l’auteur précise que l’on plaça une auge de bois, de laquelle proviennent les petites planches que nous vénérons aujourd'hui encore comme faisant partie de la crèche de l’enfant Jésus. (page 7)


Situation biblique de Bethléem
Notre article sur les anges évoque la scène de la nativité et cite les passages évangéliques nous ne ferons donc pas de redondance, mais le trajet entre Nazareth et Bethléem était de 150 km, sur des routes médiocres, on devait compter, selon Daniel Rops, quatre jours pleins, voir cinq jours, de trajet à dos d’âne sue des sentiers cahoteux qui s’effectuaient pour plus de sécurité par caravanes.
 On traversait donc la plaine d’Esdredon, la Samarie, la Judée, pour arriver à Bethléem à 800 mètres d’altitude sur les flancs de colline.  Il est à signaler que dès l’origine le lieu de Bethléem « maison du pain » a été vénéré. Après la seconde révolte juive (132-135) l’empereur Julien se vengeant contre les juifs et les chrétiens, qu’il semble avoir du mal à distinguer, tente de déshonorer le site en y plantant un bosquet sacré à Tammouz-Adonis. (dictionnaire de la bible, André-Marie Gérard, Bouquins, Robert Laffont, page 162) . Qui n’était pas vraiment un dieu très honorable. Si ce lieu avait été symbolique, jamais les chrétiens ne l’auraient relevé de l’abomination de la désolation (la profanation).

 

(crèche dans une vitrine d'Eguisheim, Bas-Rhin)

 

Les scènes de noël jouées en Alsace
Une origine souvent oubliée par les ouvrages est celle des représentations aux VI et VII ième siècle  des jeux de l’Avent ou de la Nativité. On conserve des traces écrites de ces représentations en 1462 dans la ville de Colmar, en 1553-1556-1558-1617-1690.
Dans l’année 1690 on a réuni pour l‘occasion 20 garçons et 22 filles dans le cimetière de la ville pour une Weihnachtskrippline écrit et mis en scène par le prêtre Johann Ludwig Schenkel4 .

En Allemagne,  les scènes  se jouaient dans l’église  et évoquaient la naissance de Jésus. Pour marquer davantage les esprits du public, les personnages se répondaient. Ces jeux prenaient le nom de l’instant où une jeune fille, retirait le petit enfant Jésus de la crèche et le berçait dans ses bras au rythme de la musique, c’est-à-dire le Kinderwiegen” (bercer l’Enfant JÉSUS)

 

D’autres représentations alsaciennes ancêtres de la crèche
Des représentations sont citées dans l’Hortus deliciarum (le jardin des délices) de  Herrade de Landsberg.  Puis, plus tard au XV e siècle, une nonne de Schönensteinbach en parle. Sa santé ne lui permettait plus de sortir de sa chambre . Elle transforme donc sa chambre à coucher en crèche (dans son abbaye de Dominicaines). On en trouve dans l’église d’Erstein en 1651
“I Christkindlein in der Krippe item das Xkindlein so vor die Kanzel gebracht wird”.
“L’enfant Jésus de la crèche, ainsi que l’enfant Jésus  qui est déposé devant la chaire”. 5
Dès 1690, un chapelain venu de Fulda en installe une à Türckheim sans que cela ne soulève d’hostilité.


Puis on trouve une crèche à la cathédrale de Strasbourg au XIX ème siècle,  en grand format dans celle de Saint Étienne de Strasbourg. (en 1823), puis en 1829 et 1853 à Saint Pierre le Jeune.
Un ami du prédicateur de Geiler de Kaysersberg, qui ne pardonnait pourtant aucun papisme ou écart, affirme en posséder une dès le 18 ième siècle. 6

ORIGINES
Si la crèche semble relativement récente c’est que bien longtemps l’Eglise elle-même n’a pas célébré cette fête.
Elle semble n’être apparue en Occident que vers 330 sous le nom d’ADVENTUS DOMINI (la Venue du Seigneur).
Elle se serait substituée aux fêtes du solstice et au culte de Mithra, dieu de la vie, dieu qui lutte contre les ténèbres et le mal auquel on sacrifiait en Perse un jeune taureau (analogie au bœuf de la crèche ? ).

Mais en Alsace,  si l’on a longtemps célébré Mithra, ou bien évidement les dieux germaniques (Oddhin, déesse Freya...). Il semble que Mercure ait eu une place particulière.
Pour les chrétiens, et du fait du canon adoptées par l’Eglise -bien avant la réforme- c’est le texte biblique du nouveau testament qui  constitue la Référence des artistes et des artisans, le texte de Saint Luc nous explique que la place pour la Sainte Famille manquait à l’auberge, en fait une salle commune, où l’on imagine mal la parturiente donnant naissance à l’enfant Jésus devant l’assemblée.
Le divin couple choisit donc un lieu, à l’écart, dans une mangeoire à bestiaux, une sorte d’auge, une crèche.

Selon la tradition, François d’Assise, le “poverello”,  trois ans avant sa mort, en 1223, semble avoir eu l’idée de généraliser avec la permission du Pape Honorius III. Jugeons de l’importance de cette autorisation dans la culture populaire, de reconstituer à Greccio avec le comte Giovanni Volita de Greccio, au petit village des Abruzzes, la Nativité, mais non en porcelaine, mais en chair et en os.
Avec au centre ce qu’il nomma le “Petit Jésus”. On affirme qu’il y place « une bible au centre » dans la mangeoire, voulant signifier que Jésus était le Verbe de Dieu, texte que l’on lit le jour de Noël le 25 décembre. “Il porta dans la forêt de Greccio toute proche d’Assise une mangeoire de bergerie, amena un bœuf et un âne afin que toute la population soit mieux à même de comprendre la liturgie de Noël, car quelques années plus tôt et en réponse aux excès »,  car en 1207 le pape Innocent III avait  interdit toute représentation de la crèche dans les églises.

François d’Assise aurait même célébré au milieu de cette scène vivante la messe.
C’est par cette première crèche vivante, dans une étable, comme quelques siècles plus tôt dans la pauvre contrée de Bethléem, le prophète Michée avait honoré la ville d’une citation :”Et toi Bethléeem, la fertile, petite parmi les milliers de Juda, tu n’es pas la moindre, car c’est de toi que sortira un chef qui conduira mon peuple d’Israël” (Michée, V,1).  Et c’est le roi Hérode qui se serait inquiété de cette citation bien avant la naissance de Jésus.

Selon Van Gennep, rares auraient été les églises en Alsace où l’on trouvait des crèches au Moyen-âge, mais elles auraient été plus nombreuses dans les couvents et les monastères féminins.
Mais on a une preuve de leur existence à travers les chants à la crèche ou les nombreux cantiques rédigés pour cette occasion à la fin du XVII ème siècle.

Bethléeem a en outre l’honneur de se nommer “la maison du pain” ce qui pour celui qui a apporté le “pain de vie” est une coïncidence qui ne peut en être une. (Le hasard commence souvent par un D… comme Dieu dit un proverbe, ou un clin d’Dieu)  et comportait en 1944 quelques 9 000 âmes, selon Daniel Rops.10.
Les artistes ont ensuite généralisé ou immortalisé cette représentation théâtrale.
Mais pour les spécialistes, la caractéristique principale des crèches est la mobilité des pièces, ce que François d’Assise n’aurait pas respecté. Et donc il faudra attendre le 15 ième siècle où les personnages se détachent des retables, en relief et séparables.



LA SORTIE DES CRÈCHES DE L’EGLISE, C’est ainsi que les folkoristes distinguent les étapes de la représentation de la nativité, tout d’abord sous forme de gravures ou de fresques, puis
les jeux de la nativité,
les crèches d’églises et de monastères,
les crèches familiales.

Saint François d’Assise pourrait ne pas être à l’origine de la crèche, mais aurait au moins contribué à la sortir des églises.
Vers 1252, elle franchit donc les Alpes grâce aux moines franciscains. Le concile de Trente de 1545-1563 autorise l’adjonction d’autres personnages que ceux de la Bible, ce qui donna naissance à la profusion de personnages non bibliques. (métiers divers, toutes les strates de la société contemporaine, multiplications de figurines et de matériaux).

L’Eglise craignait tout d’abord des représentations irrévérencieuses qui aurait fait perdre le sens du sacré, telles les représentations de l’Avent sur le parvis des églises, chassées du chœur. On avait ainsi représenté un ange (dans un tonneau) qui descendait le long de la façade de l’église, on le surnommait l’ange acrobate. De là à ce que cela devienne un cirque, le risque était grand de tendre vers une pastorale provençale, une pagnolade avant l’heure !
Il n’en fut rien. Les marionnettistes ont bien été sortis des églises, interdits de parvis, représentés des théâtres mobiles de crèche, car une marionnette n’est pas libre,le fil évoquant trop la destinée, alors que les personnages de la crèche sont dotés de leur libre arbitre, et le « oui » de Marie a racheté la faute du premier couple, en quelque sorte le « non » d’Eve.

Le rôle d’enseignement accompli auprès de la population que visait le povorello n’est pas négligeable, plusieurs grandes pages de l’évangile à travers plusieurs  scènes (crèches de noël de pâques, de carême...)étaient ainsi explicitées auprès d’un public analphabète ou peu instruit . La petite crèche connut quelques temps plus tard au moment de la réforme un coup d’arrêt, puis tard au siècle des lumières ou l’on les considérait comme des enfantillages.

La crèche partout...
“Krippe” en Allemand, en francique : “kripja”, ancien provençal “crepcha”, du latin “praesepe” qui donne l’espagnol “pesebre”.  En anglais  on utilise donc le terme général et imprécis de “nativity scene” ou celui de crib.


Tyrol-Allemagne, un succès précoce, le berceau des crèches...


Les plus belles crèches, dans la profusion de matériau sont sans doute les superbes crèches tyroliennes, car c’est du Tyrol que les crèches vont conquérir l’Allemagne à la fin du XV ième siècle, riches de bois, plus proches de la sensibilité rhénane que les crèches un peu “trop sudistes” de la Provence.
On doit noter le rôle du maître John Brabender, sculpteur de crèche, de personnages habillés et articulés pour l’horloge de la cathédrale de Münster en Westphalie.
Dès 1571, on les mentionne dans les cours de Bavière, Westphalie, Rhénanie, Palatinat, hesse, Silésie, Saxe et Poméranie.
1601 à Altötting, 1607 à Munich, 1608 à Innsbruck, Hall....
Dès 1700 elles vont pénétrer dans les familles autrichiennes.

La plupart des crèches autrichiennes domestiques ne sont pas très grosses, mais généralement auto-produites, elles sont améliorées ou agrandies par les habitants de la demeure au long des noëls successifs de génération en génération d’inspiration en inspiration.
Dans le pays de Landeck (Tyrol) et dans ses alentours, il semble que la tradition elle ait très vite trouvé sa place grâce à sa facilité d’accès ferroviaire.  Ce qui n’est pas le cas pour d’autres villages -moins bien desservis-  comme Pazbaym. Le Dr Haider, écrivit en 1890,  que le premier arbre de noël de la vallée de Paznaun ne fut planté à l’école de Ischgl qu’en 1890, que dans de nombreuses maisons on n’en plantait pas au début du 19ème siècle, mais on y trouvait bien une crèche.
Au XVIII è siècle, les crèches connurent quelques hauts et bas, à tel point qu’en Bavière en 1802 on les interdit dans les églises et l’on perdit ainsi un certain nombre de crèches d’églises, mais sous le roi de Bavière Ludwig I  (Louis 1er) (1825-1848) elles retrouvèrent leur place dans les églises.11


On évoquera tout à l’heure les crèches de carton et de papier qui connurent un grand succès en Alsace et en Allemagne au XIX ième siècle.

En France, d’abord les cours royales et ensuite les églises.
La plus ancienne des crèches françaises subsistant serait conservée à Chaource12  avec des pièces mobiles et date du XVI ième siècle. Dès le XVIII les églises françaises ont connu des crèches avec des mannequins de bois aux mains et tête de cire, ou des personnages et animaux en verre filé de Venise.


Mais cela se cantonne au domaine de l’église, il faudra que sous le règne de Louis XIV se généralise dans les riches demeures tout d’abord, puis les autres, des représentations familiales.
Un écrit italien du 16 ième siècle l’inventaire du château de Piccolomini à Cela en 1567 précise l’existence d’une crèche privée au château appartenant à Constanza Picccolomini, duchesse d’Amalfi avec 116 figurines dans deux coffres.
La première crèche aux personnages habillés serait espagnole et aurait été apportée en Italie par les Jésuites aux XVII ième siècle.
Philippe V, roi d’Espagne aurait ainsi initié son fils au montage de la crèche. Devenue roi de Naples et de Sicile, le jeune roi Charles III en 1734 consacre fortune et temps à l’élaboration de crèches.

Les “santonniers” ont un ancêtre Marseillais, Jean-Louis Lagnel (1754-1822) qui donna naissance au premier objet “santoum” en 1775. Laurent construit la première crèche monumentale de Provence.
Les santons, “latin santorume, provençal santoun, italien santoni “bons saints” littéralement “petits saints” symbolisent les hommes, leurs métiers, leur fragilité aussi, car un santon doit être comme l’humain, fragile et cassable et donc mortel.
Il est fait de terre comme Adam et Ève sont fait de la terre et du souffle de Dieu. Les moules se transmettent de génération en génération, une fois cuits ils sont colorés de couleurs vives et/ou habillés.

Crèches napolitaines
Goethe raconte dans son “Voyage en Italie” ses impressions des Crèches napolitaines : “Naples, le 27 mai 1787, voilà bien un endroit où s’exprime, incontestablement, une des passions du peuple napolitain : il s’agit de l’art des crèches. La tradition veut que la crèche soit placée jusque sur les toits en terrasses des maisons de la joyeuse cite. On construit alors une cabane en bois léger, on plante autour des arbres et des buissons, toujours verts.”....

La profusion de bois de sculpteurs, la maîtrise de la technique du polychrome donnent  ainsi des représentations très explicites et riches de détails. Le matériau plus noble que la terre leur donne aussi une durée de vie supérieure permettant de constituer des collections de crèche dans les musées tyroliens ou bavarois.
La crèche eut quelques difficultés à conquérir le Nord, plus protestant, et largement ouvert au culte de la paille (bouc de paille, objets en paille, voir notre ancien numéro de noël sur la question)  et opposé un temps à ces crèches et à ces excès. On vit la première crèche suédoise installée en Scandinavie seulement en 1870 !!

Dans les particularités locales, nous nous limiterons ici à l’Europe pour des questions de place. Nous voulons citer la Corse où le toit des crèches est fait d’algues séchées, à Marseille se sont des pierres que l’on utilise pour le mur des crèches, en Thuringe se sont des crèches soufflées en verre, ou en cristal (KristallKrippe) la plus grande se trouve au musée du cristal de Viechtach en Bavière, elle se compose de 30 minéraux provenant du monde entier et pèsent ensemble 3 quintaux. Il en existe aussi une en « nouilles » dans le musée italien des pâtes de Rome à proximité de la fontaine de Trevis.

Grotte, étable ou bergerie, où Jésus est-il né ?
La grotte de la Nativité aujourd’hui
Aujourd'hui,  l’église de la Nativité n’a plus rien d’une grotte. Elle est  toute majestueuse, une porte basse et quelques meurtrières. Le sol est empli de marbres et de pierres précieuses, de bougies et de lampes.
Quel contraste semblait dire déjà,  St Jérôme car “ce n’est pas dans l’or et l’argent que vint au monde le Seigneur mais dans la boue”. (cité par Rops, page 123)

La crèche ne se limite pas à la scène de la naissance, elles peuvent comporter dans les églises, les retables, plusieurs tableaux.
La reproduction placée à la cathédrale de Strasbourg l’an passé l’a ainsi fait, ainsi par exemple :  l’Annonciation, la Visite de la cousine Élisabeth mère de Jean Baptiste, la Nativité du Seigneur, la visite des rois mages, la fuite en Égypte et le massacre des Innocents.
On a même vu certaines scènes représenter les noces de Cana en arrière plan. Il existait dans les monastères des crèches dites annuelles où l’on pouvait représenter successivement tous les événements de l’année liturgique y compris passion et pâques, que l’on nommait alors crèche de carême.


Si l’on a en mémoire des chansons de noël sur les santons, on sait que “de grand matin joyeux noël prend fin” et les “santons retournent dans leur boîte de carton”. En fait en Alsace, dans les pays rhénans, si le temps de l’Avent débute dès la Saint Martin (11/11 au plus tôt) il ne s’achève qu’avec la démolition du sapin pour la chandeleur. (en principe, soit le 2 février). Il n’en va pas tout à fait de même pour la crèche qui sera construite et remplie de tous les personnages exceptés les rois, et l’Enfant Jésus, elle ne sera démolie qu’au deuxième jour du mois de février. (Fête des relevailles de la Vierge Marie, fête dite de Marialiechtmess. 14 )

 

 

 


(scène de la nativité, sur un stand du marché de noël de Colmar)

 

Spécificités alsaciennes
la tentative des crèches en terre de Betschdorf
Réputés pour leurs vases et leur artisanat populaire, les potiers de Soufflenheim et de Betschdorf ont tenté la production de personnages en terre cuite à “l’alsacienne” force est de constater que les fiers alsaciens n’ont pas été couronnés de succès.
Par contre,  il existe de très belles représentations du début du siècle sous verre que l’on accrochait dans la Stubbe qui évoquent la crèche et les personnages. Elles sont aujourd'hui prisées par les collectionneurs. On a vu également se développer des crèches mécanisées “crèches à voûte”.

 Les crèches portatives alsaciennes, nommées "les paradis"
Les crèches portatives sous verre, les crèches dites d’appartement, en relief sont des spécificités de l’artisanat populaire. Elles comportent des figurines en terre cuite peinte, rocaille, bergers et bourgades, présentées sous vitrine d’une hauteur de 80 cm. Elles sont selon G. Klein “les sources vivantes d’une profonde piété”.15
Il explique que les ciriers (Wachzijer) créaient des personnages et que des âmes du village ou des religieuses les habillaient ou créaient un décor. Ces tableaux nommés “paradis” étaient composées de fleurs séchées, de velours, de paillettes de verroteries, de mousses, d’arbres, d’animaux en cire, en bois sculpté, se rapprochant par leur naïveté des santons provençaux avec leurs métiers et leur monde rural et régional.
Une des plus belles crèches d’appartement serait celle la chapelle des pèlerinages de Maria sur Aych, N-D des Chênes, de Plobsheim, elle date du XVIII ème siècle.

Les crèches en papier
Crèches bannies des églises, au XIX ème siècle,  elles seront adoptées par les familles qui achètent aux marchands de papier des planches de crèches des plus naïves aux plus raffinées, venues de chez Wentzel ou Silbermann.
L’enfant créait un décor et par son agilité contribuait à enrichir la maison d’un objet religieux. L’ouvrage de Maître François Lotz, spécialiste en images populaires,  en présente quelques exemplaires.16
Notons celle qui est reproduite page 27 de son livre, une crèche vers 1850, on trouve aussi des images d’Epinal, avec gravure sur bois et coloriage au pochoir.
On trouve aussi en Autriche et en Allemagne à l’époque rococo des crèches de carton à monter dont les anciens exemplaires sont très précieux.  L’une d’elle de Moravie (sans relief) est exposée au Musée des crèches de München. L’art de la crèche de carton semble atteint au 19ème siècle par le peintre Wentzel Fieger, peintre depuis sa 14 ème année.

Sous le sapin, il semble que la coutume se généralisa qu’au cours des années 30.
Avec la confection d’étables maison puis de véritables maisonnettes autour de la crèche.

Les images de pains d’épices crèche
On en note trois catégories, celle qui évoque la crèche orientaliste avec palmier et exotisme, la deuxième formule qui montre la crèche dans un monde européen, la troisième dans  un univers de conte et de magie souvent naïf où les personnages sont entourés d’animaux  (biches, lapins…) tel un dessin animé de Walt Disney.

La crèche demeure un sujet de choix pour les dessinateurs, les peintres tout l’art chrétien en témoigne.  Mais même les artistes de Bande-dessinée sont inspirés par la naissance de Jésus. L’exposition « la grande BD de noël » que les sœurs d’Oberbronn un exposé jusqu’au 28 février dernier (à la maison d’accueil des Sœurs du Très Saint Sauveur) nous montre que les artistes alsaciens contactés par Alsace-Média ont su raconter Noël à tous, avec leur crayon. Les messages de Noël en bulles.

La crèche et les relations avec la réforme au XVI ième siècle  :  “papisme aveugle”.

Si les jeux de Noël du Moyen-âge ont inspirés les réformateurs, il en va de même pour Saint Nicolas (dont le marché fut débaptisé et dont le calendrier fut modifié), du Christkindel (instrument du papisme), du sapin (un peu moins durement) et bien évidemment de la crèche.
La critique fut vive à l’égard des jeux de Noël du moyen âge, par Geiler de Kaysersberg à la page XIII de Evangelibuch 1513 (voir l’ouvrage de G. Leser qui reproduit son texte).
Mais sur la crèche elle même on sait que cet incisif proclamateur possédait lui aussi une crèche, mais elles furent combattues au XVII ième siècle par Dannhauer Concard, qui y vit un “papisme aveugle, il estimait que les gens “dans les ordres mettent beaucoup de zèle à confectionner de très belles crèches... les contemplent et les admirent tels des badauds sans apprécier le noyau ils se contentent de la coquille”.
Il faut ainsi se remémorer les monastères et les couvents où la figurine de la crèche placée le soir de la nativité sur un coussin de velours apporté à l’assemblée des fidèles réunis pour la messe de nuit, était souvent brodé ou parés de bijoux. On voit ainsi dans les collections des monastères des divins enfants de la fin du XV ième siècle recouvert de d'une profusion de dentelles, de soieries. 

Si l’on comprend sa  préoccupation, quel témoignage de foi laissé aux héritiers que nous sommes de ce travail !
Ce sera même l’occasion de recentrer le travail sur la crèche, la Contre-Réforme les incitera à cette belle évolution. 

(représentation moderne d'une scène de la Nativité sur le livre de contes ci-dessus)

 

 

Disons un mot de l’iconographie orthodoxe (grecque ou non), où tout est symbolique, porteur de sens, dans le parallélisme  des formes, les couleurs et l’expression. La représentation de la nativité n’échappe aux règles strictes empruntent de spiritualité qui régissent l’établissement des icônes. Ainsi Marie représentée assise signifie qu’elle a eu un enfantement virginal sans douleurs. L’enfant Jésus est souvent représenté couché emmailloté tel un linceul ou posé sur un autel de pierre (signe du sacrifice eucharistique). Notons ici la lumière divine qui fait un lien avec son Fils Jésus. Les Mages à gauche ont trois âges différents. Notons au passage que dans les icônes Marie semble avoir un goitre, en fait c’est le souffle de l’Esprit Saint que symbolise cet air que lui a promis l’ange Gabriel le jour de l’Annonciation.  Dans celle-ci on distingue bien la grotte, collection personnelle de l’auteur.
 (la nativité dans l’art byzantin, Crête, Grèce, en fait la scène de la naissance, adoration des mages, annonce faites aux bergers).

Ce ne sera qu’en 1940 que la “paix des crèches” sera conclue, un texte paru sur le thème de la crèche adressé aux protestants les encourageant vivement à en faire in Evangelischen Gemeindebrief explicite l’aspect indissociable de la crèche et du sapin. 


LA MISSION DE LA CRÈCHE
“branche reconstructrice de l’art sacré”, elle doit aider “l’homme pieux à avoir le sentiment qu’il pénètre sur le scène de l’histoire sainte et l’encourager à méditer le plus profondément possible sur la voie qui mène au Salut”. Rudolf Berliner (1955)


Les crèches vivantes sont une tradition qui reprend vie, au sein des marchés de noël, des associations ou des regroupements de jeunes. Il s’agit de faire interpréter chacun des rôles par une personne. Citons l’exemple de Forstheim ou le noël campagnard a regroupé 500 personnes à la recherche d’un vrai sens pour noël. Ils ont ainsi marché une poignée de kilomètres en forêt pour rejoindre –en suivant les étoiles- la crèche vivante crée en pleine nature. A Drusenheim au sein de l’église…. Pour ne citer que deux exemples. Ces jeux de noël nous rapprochent des premières représentations du moyen-âge face à un public religieux mais peu instruit. Le sens de noël échappe souvent à nos contemporains.  (voir Noël et les sondages). Ces représentations naïves, charmantes redonnent un sens souvent perdu, elles atteignent leur objectif, si elles  ne focalisent pas l’attention des plus petits sur les animaux et non sur celui qu’ils doivent entourer. 
 
Laissons vivre la tradition tout en mesurant la dimension spirituelle de la représentation de la Venue dans notre Humanité de Jésus, elle est une association à la démarche d’amour du Christ.
Au moment où Noël glisse de la naissance à la fête de l’enfance - mercantile- la crèche, elle invité à la beauté et au recueillement. La crèche qu’elle soit en cire, en biscuit, en bois ou en stuc, invite au recueillement.
Rappelons  pour conclure, la citation qui invite à la réflexion de Henri Tisot : 
Le trésor de l’ancien testament ce sont les tables de la loi, le trésor du nouveau testament : c’est l’étable tout court”;

(Vierge à l'enfant, fresque, chapelle St Jean le Baptiste Eichhoffen, Bas-Rhin)

 



sources consultées et pour en savoir plus lire :


Krippen, nativity scenes, crèches, Bayerisches nationalmuseum München, chez taschen, trilingue, texte de Nina Gockerell  1998
la crèche et son histoire par Yolanda Ruegg, préface de Walter Schwimmer, les éditions Ronald Hirlé 1999
Fêter Noël, par Alain de Benoist, Pardès 1994, première édition Atlas 1982
fêtes et traditions de France, par Alain-françois Lesacher, éditions Ouest-france, mémoires 1996/1999
images de Noël, traditions d’Alsace, le verger éditeur, Colmar
feiern feste jahres-Zeiten, lebendige Brâuche im ganzen jahr, Manfred Becker-Huberti chez Herder, Freibourg in Breisgau 1998
Notes pour la crèche :
la paille et le feu, traditions vivantes d’Alsace, espace des hommes, Berger-Levrault, par Michèle Bardout.



Particularité alsacienne le Remplissage de la crèche : coutume alsacienne de faire remplir avec un brin de paille équivalant à une bonne action la crèche du Seigneur.
 Sorte de B.A. de noël, il fut une tradition qui semble perdue dite du “Fleiβkärtschen” ou “Strohhalmlegen” ou “Krippe füllen”, il s’agit de monter la crèche vide au premier dimanche de l’avent et la faire remplir par les enfants de la maison à coup de brindilles de foin à chaque bonne action effectuée. Le but étant que l’Enfant Jésus ait une crèche pleine de foin et de bonheur libéré par ces bonnes actions.
Cette accumulation dure durant  tout le temps de l’avent, elle est en quelque sorte  remplie de bonnes actions

voir aussi notre article sur les calendriers de l'avent.... Calendriers de l'Avent : apprendre la patience...

 


MISE A JOUR 2013  :

BERGHEIM : Chemin des crèches - parcours original à la découverte de plus de 50 crèches artisanales : nativités crées par les habitants et les associations du village de Bergheim, mises en scènes dans l’écrin naturel de la cité illuminée et décorée aux couleurs de Noël - à découvrir en circuit libre ou visites guidées tous les week-ends à 18H00

 

Du 25 novembre au 6 janvier : Masevaux : Circuit enchanté des crèches. Une heure de balade féérique au coeur de Masevaux pour découvrir cette année les 13 crèches. Un thème différent pour chacune d'entres elles avec des histoires, des légendes... Les thèmes choisis cette année sont : La Crèche Alsacienne
La Crèche de la Tour
Un soir de Noël en Alsace
La Crèche des enfants
La Crèche Ecrasée
La Crèche de l'Eglise
La Crèche de l'Espoir
La Crèches des Oiseaux
La crèche de Glace
La crèche du Musée Historique
La crèche de la Maison de Noël
La crèche de la Forêt
La crèche Bric-à-brac.


Haguenau : Du 22/11/2013 au 30/12/2013
Place d'Armes, exposition de crèches.  
Neuf-Brisach : Du 29/11/2013 au 19/1/2014, à l’église Royale de Saint-Louis. Expo de crèches.
Obernai : Du 30/11/2013 au 31/12/2013 exposition de crèches.
Rosheim : Du 30/11/2013 au 12/1/201, à la fabuleuse église romane Saints Pierre et Paul, exposition de crèches.

Sarre-Union : Du 30/11/2013 au 5/1/2014
Place des Tilleuls, Sarre-Union
Saasenheim : Du 30/11/2013 au 4/1/2014 à l’église Saint-Jean Baptiste. Du 30/11/2013 au 1/12/201

Kertzfeld :  30/11/2013 au 22/12/2013.  (Parmi d’autres, qui méritent d’être vues dans vos villes et villages d’Alsace, elles sont le centre et l’origine de la fête !)

           

           

 

 

 

BETSCHDORF : Sentier des crèches

 

 

MASEVAUX : Circuit enchanté des crèches - une heure de balade féérique au coeur de Masevaux pour découvrir les 8 crèches - un thème différent pour chacune d'entres elles avec des histoires, des légendes...

 

 

ROSHEIM : Crèche baroque en l'église Saints Pierre et Paul

 

 

SOULTZBACH LES BAINS Crèche vivante

 

 

 

 

 

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