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Hortus deliciarum.... reste un délice

la culture fait peur ?

Si l'on regarde ces dessins, la culture s'était mise au niveau de ses lecteurs par de beaux dessins épurés, dynamiques, vivants qui devaient permettre au peuple de comprendre la plus belle théologie, mais aussi transmettre des connaissances. Ainsi l'abbesse en rédigeant (ou supervisant la rédaction) de cette oeuvre utilise les moyens de locomotion, les vêtements, les outils de son temps pour rendre le message compréhensible par ces lecteurs.

C'est cela qui fait aussi la richesse de l'hortus pour l'homme du XXIème siècle qui y découvre des outils, des techniques des siècles passés. Ici préservés malgré les outrages du temps et des guerres. Songeons qu'avant 1870 ce document était encore complet et intact ! (Voici un extrait de notre article du numéro 174, 15/02/2015, de la petite lanterne, pour ceux qui ne sont toujours pas abonnés !!)

L'hortus deliciarum c'est quoi :

c’est un manuscrit :
de 255 feuillets de parchemin de 53/37 cm.
et 69 feuillets soient 324 feuillets au total,
344 miniatures, dont on n’en connait que 254. Selon d’autres : 342 feuillets et n’en comporte plus que 324 (1840)
1521 : Jérôme Guebweiler le consulte
1546 : il échappe à un incendie
Il resta à Hohenbourg jusqu’en 1546 puis à Saverne, offert aux Chartreux de Molsheim, (1695) confisqué par la Révolution puis déposé à bibliothèque de la ville de Strasbourg.
Plusieurs fois prêté à Paris, à Berlin, copié par le chanoine Straub.
Il partit en fumée dans la nuit du 24 au 25 août 1870. Heureusement ces transcriptions partielles permettent avoir une idée de ce que fut cette oeuvre.

La plus grande partie des connaissances des textes et des philosophes antiques nous a été transmise par les moines copistes qui transcrirent leurs écrits et purent en garnir les étagères des bibliothèques des monastères. Une partie des connaissances de l’époque servait aussi à instruire et former au sein des couvents mais aussi des écoles crées par les monastères.
L’Hortus devait aussi servir à cela rassembler et transmettre les connaissances. Une tâche remplie jusqu’au terrible incendie consécutif au bombardement de Strasbourg du 24-25 août 1870.`

Qui est Herrade ?

Herrade, succède vers 1167 à Relinde, dirige l’abbaye jusqu’à sa mort en 1196. De la famille des Landbserg, elle fait installer les prêtres Prémontrés d’Etical à Saint-Gorgon et fonda en 1180 le prieuré de Truttenhausen pour 12 chanoires réguliers de Marbach.
Elle accueille dans son couvents des prisonnières : Sibylle, veuve du roi Tancrède Sicile et ses filles.


L’Hortus deliciarum, «le jardin des délices, soit donc le paradis perdu» semble être un chef d’oeuvre à la fois perdu par les vicissitudes de l’histoire et par le manque de passion de nos historiens.
Rappelons, pour ceux qui auraient oublié, que le Jardin des délices est un document européen de référence sur la vie médiévale, rédigé par l’abbesse Herrade de Landbserg (Herrade de Hohenbourg, du Mont Ste Odile donc) (1167-1196). Injustement méconnu, peu usité, elle présente des scènes de la vie courante et donne de nombreuses connaissances. Il est avec le codex Guta-Sintram -qui lui subsite complètement- de la moniale Guta et du moine augustin Sintram, des calendriers, enluminures, un manuel d’hygiène et d’alimentation rapporté à chaque mois du calendrier.
L’hortus a été détruit par les bombardements de la nuit du 24 au 25 août 1870, le texte rédigé entre 1176-1196 (période d’apogée des Hohenstaufen) allait ainsi disparaître, ne laissant que quelques reproductions, copies toutes partielles des 1200 textes et 366 enluminures, ces dernières constituent 1/4 de l’ouvrage, mais sont restées célèbres. Elle constitue «un ensemble documentaire incomparable sur la vie quotidienne au XIIème siècle dans toutes les classes de la société» selon Histoire de l’Alsace, page 122.
Rappelons que l’hortus se compose de 4 parties : la 1ère création et les évènements de l’ancien testament, 2ème : la venue du Christ, 3ème l’histoire de l’Eglise et sa doctrine, 4ème la fin du monde avec le jugement dernier, le paradis et l’enfer.
Le Christ a selon des études comparatives des traits d’influence byzantine, (le rôle du Saint Suaire serait ainsi notable pour certains) d’autres pensent à des reproductions de vitraux de la cathédrale de Strasbourg. Mais citons également les pièces poétiques ajoutées dans le texte avec une notation musicale.
Dans l’illustration du pressoir mystique (voir ci-dessous) Nous voyons la représentation de Esaïe 5, «Dieu planta une vigne, ce qui veut dire l’Eglise et il l’entoura d’une garde d’anges».
Il y creusa un pressoir, le pressoir signifie l’Eglise ; en elles sont rassemblés les fruits de la justice et de la sainteté» et du chapitre 63 «quel est celui-ci qui vient de Boçra avec du cramoisi sur ses habits.. la cuvée, je l’ai foulée seul dans ma colère»

(selon le livret sur l’exposition «hortus deliciarum, église protestante, 3 juillet au 30 août 1998 par Marie Anne Hickel.)
et Hortus deliciarum, Herrade de Hohenbourg, Jean-Claud Weu, préface de Victor Beyer, éditions les petites vagues, 2004, La Broque.
le jardin des délices de l’abbesse Herrade de Landsberg, Alsatia, présentation de Auguste Christen,
Alsatia Paris-Colmar, 2ème trimestre, 1968, et remerciements spéciaux aux documents annotés par l’abbé Loeb, dont nous reproduisons pour le blog l'extrait original)

Le pressoir mystique de l’Hortus deliciarum, est l’illustration de Isaïe 63, il semble parler aux viticulteurs, avec son pressoir, ses raisins, ses dons, mais c’est le symbole de l’Eglise et de la Croix, le raisin ce sont les âmes, récoltées par les apôtres, St Etienne est en bas (premier martyr) mais aussi Pierre Paul qui apportent encore des paniers de raisin. Le Christ omniprésent, emmène les religieux (dont deux moniales) parmi eux un anachorète hirsute, évêques, ou simples laïcs vers la purification, ils sont tous entourés d’anges, qui les encouragent à gagner le ciel, mais protègent aussi le Paradis. Jésus y introduit Henoch et Elie, Juifs (aux chapeaux pointus typique de la période médiévale et païens. ). Pour certains le pressoir est une réplique d’un ancien pressoir de la même époque du Clos Vougeot en

* celui qui actionne le pressoir, est-ce le lépreux purifié ? On ne peut l'affirmer c'est une hypothèse de M. l'abbé Joseph Loeb dans ses notes.

* Allégorie du paradis, par les vendanges, de la vigne et le paradis... la conversion des gentils et des juifs à la fin des temps.

(fin de l'extrait)

un des anges autour du pressoir mystique, en fait une allégorie du paradis.

un des anges autour du pressoir mystique, en fait une allégorie du paradis.

le pressoir mystique Hortus deliciarum, jardin des délices,  le pressoir mystique...  Le Christ les presse pour les purifier. les anges étonnés, admiratifs, le mystère de la croix que 4 anges tiennent dans leur main

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